Morituris
3.3
Morituris

Film de Raffaele Picchio (2011)

Avec Morituris le jeune réalisateur Raffaele Picchio espère rien de moins que ressusciter l'esprit du cinéma d'exploitation italien des années 70/80. A la vue du résultat on se dit qu'il a vraiment bon dos le cinéma d'exploitation pour lui refourguer à la va vite sous couvert du prétendument hommage référentiel n'importe quelle merde estampillé film choc. Car Morituris qui est soit disant totalement interdit en Italie se trimbale une réputation de film choc extrême et hyper violent digne des pires débordements de l'époque. Pour les amateurs de cinéma de genre le choc sera effectivement très violent, surtout devant la bêtise et la vulgarité crasse du film


Morituris raconte l'histoire très conne de deux jeunes filles qui après s'être faites violées dans les bois par trois tortionnaires abrutis qui devaient les conduire vers une fête nocturne vont devoir affronter en plus de leurs bourreaux du soir des gladiateurs revenus d'entre les morts (C'est pas sacrée soirée pour elles quoi!).


L'éditeur Elephant films a beau nous faire croire avec une jaquette honteusement ultra-mensongère que le film se déroule en 47 avant JC, il n'en est rien et Morituris est juste un mélange peu ragoutant de slasher, de rape and revenge et film de zombies bas du front le tout étant réalisé avec bien plus avec les pieds qu'avec le cerveau. Car absolument rien ne fonctionne dans Morituris si ce n'est une complaisance à la vulgarité et la connerie que certains spectateurs bien peu regardant prendront effectivement peut être pour de l'audace. Pour commencer on devra se farcir un prologue shooté en super 8 entre found footage et film de vacances montrant une famille se faire assassiner en vue subjective. Celui qui pourra m'expliquer par qui et pourquoi gagnera immédiatement le superbe combo DVD Blu-ray du film que je me ferais un plaisir d'offrir (Les frais de port sont même pour moi). C'est sans doute un des gladiateurs zombie qui filme avec son portable (??). Ensuite on aura droit à une longue séquence d'exposition des personnages avec de longs tunnels de dialogues débités sans conviction par des acteurs amorphes nous montrant cinq personnages coincés dans une voiture en route vers une super fête prévue en forêt. Une bonne demi heure de pur remplissage avec des comédiens semblant improviser leurs dialogues en roue libre le tout étant saupoudré d' un humour particulièrement fin et raffiné à base de pet dans la voiture.


Une fois arrivé en forêt viendra la longue scène de viol à base de dialogues semblant sortir directement d'un film pornographique bas de gamme, le tout étant filmé sans recul, distance ni point de vue à tel point que le calvaire subi par les deux jeunes femmes semble bien moins éprouvant que celui du spectateur à regarder la scène. Car niveau dialogue le film fait fort dans la rhétorique et la finesse poétique les acteurs se sentant obligés d'utiliser les mots salope et putain à chaque coin de phrases et parfois dans une redondance poétique plusieurs fois dans une même réplique, ce qui donne des envolés lyriques tels que « Putain de salope tu vas me sucer la bite, relève toi salope, espèce de putain de salope c'est ce que tu voulais putain » (Désolé pour l'auteur des dialogue, je cites de mémoire et j'ai peut être omis un putain où deux dénaturant du coup l'équilibre très précaire de la qualité du texte). Alors certes Raffaele Picchio parvient à choquer, la scène étant effectivement très violente mais l'absence totale de point de vue cinématographique (on es ici à mille lieux du plan fixe glaçant du Irréversible de Noé), les personnages totalement vides, la gratuité crasse des actes, la complaisance à les filmer font que la séquence, aussi violente soit elle prête malheureusement plus à sourire qu'à s'indigner. Et quand tu fais une scène de viol qui prête à sourire c'est que d'emblée tu devrais changer de métier.


Après tout ça il serait peut être temps de réveiller nos zombies gladiateurs qui dorment au fin fond du scénario depuis le début et qui arrivent finalement pour les dernières vingt minutes du film afin de faire disparaître enfin l'intégralité du casting dans d'atroces souffrances ; dommage d'ailleurs que dans un excès de zèle il ne crucifie par le réalisateur par la même occasion. Les figures monolithiques des gladiateurs ressemblant à des statuts de pierre massive et inquiétantes sont d'ailleurs le seul petit point un peu positif du film. Car même niveau gore et malgré la présence de Sergio Stivalleti aux effets spéciaux (DemonsOpera) le film ne donne pas le change laissant une fois encore les amateurs de gros gore qui tâche sur un sentiment de déception et d'agacement.


Morituris est donc particulièrement con, vulgaire, bête et même irresponsable au point d'en devenir franchement désagréable.

freddyK
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le 23 déc. 2020

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