Morituris
3.2
Morituris

Film de Raffaele Picchio (2011)

Un peu bizarre et inégal ce film.


On passe de l'ennui à la fascination à plusieurs reprises dans ce film. Le scénario comporte de bonnes idées mais peine à les développer, à approfondir quoi que ce soit de narratif. Ainsi donc la première demi-heure est particulièrement pénible tant les personnages ennuient avec leurs conversation peu intéressantes. La caractérisation est faible, le traitement encore plus. Il y a bien cette séquence d'ouverture étrange qui rend curieux sur le moment mais qui paraît inutile au reste de l'intrigue. Puis, après ces 30 minutes de calvaire donc, ça démarre. C'est assez trash. Je dois avouer que c'est l'une des raisons qui m'ont poussé à voir ce film étant donné qu'on en a parlé dans le Bistro des horreurs. Les âmes sensibles risquent de se retrouver choquées étant donné que l'auteur ne cherche jamais à raconter quoi que ce soit, juste à montrer, de manière réaliste, le viol ainsi que le passage au tabac de deux jeunes femmes. Et ça dure ! Personnellement, n'étant pas choqué par ce genre de situations dans un film, ça m'a juste fasciné d'assister à une telle scène. Il y a quelques passages un peu misérabilistes, où l'auteur se contente de mettre en avant la souffrance des victimes plutôt que de filmer froidement la méthode des agresseurs mais ça passe. C'est tout de même trop long. D'ailleurs la tension chute à nouveau... avant de remonter avec enfin (!) l'apparition du deuxième concept de ce film (autre raison pour laquelle j'ai chopé le film). On comprend pas trop d'où ça vient, rien n'est expliqué (bon on devine des petites choses mais ça reste très vague), c'est totalement gratuit. Les gladiateurs débarquent donc et massacrent gentiment tout le monde. C'est à nouveau très généreux, on voit plein de choses horribles, mais dans un registre un peu plus grand-guignolesque dira-t-on. C'est d'ailleurs un problème, le passage du réalisme au grand-guignolesque ne fonctionne pas très bien. Et puis en plus il ne se passe pas grand chose d'un point de vue narratif. Et quand le film est terminé, on en sort avec l'impression d'avoir vu juste deux séquences : le viol, puis le massacre de jeunes par des gladiateurs réveillés du passé. Heureusement, c'est généreux et l'auteur exploite assez bien son concept de gladiateur au travers des mises à mort.


La mise en scène n'est pas géniale. Elle est même souvent très maladroite. C'est mal filmé, mal cadré, parfois on ne voit pas grand chose de l'action à cause de l'obscurité ambiante. Mais, de temps à autres se glisse l'un ou l'autre joli plan ; on trouve également quelques jolis éclairages qui rappellent les vieux films d'horreur (le bon vieux spot planqué derrière le personnage). Et puis les effets spéciaux sont vraiment chouettes : à l'ancienne déjà, et puis on dirait que tout le fric est parti là-dedans. Là-dedans et dans les costumes bien sûr, parce que bon, les gladiateurs sont super cool, le film vaut le détour ne fut-ce que pour ça. La BO est plutôt étrange, un peu expérimentale (des bruits électronique lors du viol par exemple). Enfin, les acteurs sont corrects on va dire. Ils n'ont pas vraiment de rôle à jouer, juste à crier et pleurer un peu, une des nanas passe même la moitié du film à poil... mais bon, c'est dans leurs compétences, ils font ça bien, alors que demander de plus ?


Bref, ce "Morituris" est un film perturbant, déstabilisant, étonnant, intéressant mais trop maladroit et vide narrativement. Dommage.

Fatpooper
5
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le 12 sept. 2016

Critique lue 388 fois

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Fatpooper

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