Just asking questions
Les américains ont-il cessé d'être drôles ? Je pose juste la question... Mort à 2020 était un petit documenteur qui revenait sur l'année écoulée avec pas mal de sarcasme. C'était pas ultra drôle,...
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le 4 janv. 2022
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Mort à 2021 partait avec un handicap, le génial Charlie Brooker continue certes de produire et de co-écrire, mais n'est plus le scénariste-en-chef du mockumentaire, tâche déléguée à son disciple Ben Caudell. Dès les premières minutes, je dois me rendre à l'évidence : l'élève, dans la pure satire politique, a dépassé le maître.
Le mocku corrige plusieurs faiblesses de la version de 2020, ramenant à sa durée à une seule heure, condensant ainsi le rythme, et supprimant les passages parfois tunnels de la narration. Surtout, si Caudell accorde toujours autant d'importance à l'actualité américaine, son traitement plus international permet d'établir un meilleur panorama de 2021 dans son ensemble, là où Brooker se reposait trop sur l'élection de Trump. La solution optée par Caudell se montre habile, car Mort à 2021 a plus ni moins tous les traits d'un long épisode de South Park en live-action, notamment dans les one-liners dévastateurs assénés avec verve par un Laurence Fishburne qui s'amuse beaucoup. C'est simple, le film a au moins 3 répliques à hurler de rire par minute, une telle efficacité qui ravit authentiquement. Certes, quelques vannes tombent à côté, mais le ratio est meilleur que Mort à 2020. Passant au crible la stupidité humaine, la quinzaine de scénaristes parviennent à ne pas se laisser bouffer par la folie ambiante, et parvient à satiriser notre monde d'une manière aussi drôle et outrancière que peuvent le faire Parker & Stone. Alors, cela oblige à aller très loin avec des intervenants rivalisant ou de débilité ou de cynisme, avec encore plus d'excès que la dernière fois, mais après tout South Park ne fait pas autrement, et la recette fonctionne à merveille.
L'originalité est que par rapport à 2020, le concours de cabotinage a de nouveaux vainqueurs. Quelques déceptions : Lisa Kudrow n'ayant pas rempilé, Tracey Ullman se fait la Trumpiste de service, mais ne se montre pas aussi corrosive que l'ex-Phoebe, ses déclarations n'étant finalement pas plus gênantes que les dingos de QAnon. Hugh Grant est moins régalant en cuistre, sa caricature d'anti-woke manque de venin. Mais on retrouve avec plaisir Cristin Milloti en mère réac au smiley permanent. Les autres intervenants amusent mais 2 figures se détachent. D'abord, un grand plaisir de revoir Lucy Liu en journaliste consciencieuse blasée (j'adore le photoshoppage alla Forrest Gump) où l'on trouve des échos de Ling Woo. L'actrice a une puissance comique pas possible, avec une force tranquille qui fait des merveilles. Mais au final, c'est Gemma Nerrick, "average british citizen" qui remporte la palme. Phagocytant tous les autres, Gemma nous gâte à coup de torpilles burlesques à la naïveté exaltante, c'est un stand-up continu, assuré avec un train d'enfer par Diane Morgan, qui nous mitraille de remarques idiotes jusqu'à ce que générique s'ensuive. Tout comme Brooker réservait les meilleurs vannes à son alter ego filmique, il n'est pas étonnant que la compagne du scénariste-en-chef soit la plus choyée de la production, mais qui s'en plaindra. C'est elle, la grande attraction de ce mockumentaire brillamment dialogué et festif.
Créée
le 28 déc. 2021
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