Luchino Visconti filmait avec Mort à Venise, l'ambivalence du désir, source de chagrin plus qu'il en est de plaisir, en utilisant ses nombreux zooms pour fixer de manière presque subjective, le jeune garçon, et se perdre de nouveau dans l'environnement bourgeois. Le film traite également de la recherche de la perfection, obsession d'un artiste qui l'envoie fatalement à sa mort abstraite, où la musique n'a plus de sens si ce n'est la portée d'un rêve de combler l'audience aristocratique.
Avec grande intelligence, le cinéaste italien évoque la beauté recherchée par le musicien, pour moyen afin de fuir la destinée de toute manière, funeste pour l'homme. Tombant amoureux de l'enfant, le compositeur se revoit jeune et se perd entre les souvenirs affectivement déplorables. S'il ne s'agit que de l'amour, Aschenbach souhaiterait autant prendre dans ses bras Tadzio, que de refaire sa vie, ses choix, sa façon de penser. Redevenir jeune, beau et vivre l'impossible, pour manques de l'artiste.