De ce film, je retiens 2 aspects :
- le scenario de Thomas Mann (retouché à la marge) et ses thèmes familiers (et largement autobiographiques),
- la réalisation et la narration de Visconti.
Le scenario reprend les approches habituelles de Mann :
- la maladie et la mort sont 2 thèmes qu'il aborde souvent. Et pour cause, il ne parle que de lui-même en réalisant un introspection des sentiments que la nécrose éveille en lui.
Là où la Montagne magique l'aborde d'une manière bienveillante, Visconti vient y poser sa patte en appliquant une fine couche de violence, grâce à la percussion visuelle.
Ce sont évidemment les thèmes principaux du film.
- la conversation et l'apprentissage sont au 2nd plan. Il faut dire que les mettre à l'image n'est pas chose aisée, surtout que Thomas Mann adore les longues (et parfois pesantes) joutes verbales philosophiques. Ouf ! Visconti arrive à circonscrire ces échanges passionnés et en garde l'essence : ici des dissertations autour de l'art.
- un 3ème thème est abordé : la nostalgie de la jeunesse et des jours heureux. La 1ère pousse à d'aberrants grimages le principal protagoniste, les 2nds à une détresse dépressive. J'y reviens avec Visconti.
Sur la réalisation de Visconti, au regard des standards actuels, il ne m'a pas été aisé d'entrer dans le film.
Et ce d'autant plus que ce sont précisément les passages sur la nostalgie qui m'ont paru des poncifs du genre : floutage des bords d'image, musique lyrique, emphase des expressions de visage, fleurs dans les pâturages etc.
On pourrait attendre mieux en terme de créativité.
Inversement j'ai apprécié :
- la montée en tension du désir. Elle est forte, suggestive, pesante et même embarrassante ! Il est incroyable comme le réalisateur italien arrive à instaurer un malaise grandissant.
Je ne suis pas fan en tant que tel de films comme cela. Mais je dois reconnaitre un savoir faire impressionnant !
- les images (sur la plage et dans Venise) sont également sublimes. Certains plans sont de véritables tableaux impressionnistes cinématographiques.
Evidemment, les points forts du film ne sont donc pas ce qui rend l'oeuvre accessible au plus grand nombre (et j'en fais partie ;-) )
Ni le plus réjouissant.
En résumé, un film artistique avec une narration subtile et puissante. Mais dont la lenteur et moult clichés m'ont battu (un peu) froid (sic).