Mort à Venise est mon 2ème Visconti après Le Guépard (le plus beau film qu'il m'ait été donné de voir d'un point de vue esthétique), et je dois malheureusement dire avoir eu bien du mal à y accrocher. Le film raconte l'histoire d'un compositeur vieillissant, Aschenbach, qui se prend de passion pour Tadzio, un adolescent de son hôtel à Venise, où il va se reposer. Rien à voir avec une version homosexuelle de Lolita cependant : de façon étonnante, les deux ne s'échangeront pas un seul mot, seulement des regards. En réalité, Mort à Venise n'est pas vraiment un film sur la pédophilie, puisque Tadzio représente avant tout un idéal de beauté (un des thèmes du film, puisque le personnage principal est un artiste, assez tourmenté d'ailleurs) représentant un autre idéal, la jeunesse - la mélancolie de la vieillesse est au cœur du film.

Tout ça pourrait être très intéressant, d'autant plus que la photographie est très belle et la musique de Mahler splendide, mais bon dieu, que le rythme est lent! Les dialogues sont assez rares, et d'un point de vue narratif, ça avance assez peu. Je n'ai rien contre les films contemplatifs en général, au contraire, mais les deux heures de métrage m'ont paru durer franchement plus. Et puis, c'est sans doute une question de sensibilité personnelle, mais j'ai franchement eu du mal avec cette relation entre le compositeur et l'adolescent, centrale dans le film ; tous ces moments où ils se regardent m'ont paru pesants - les penchants pédophiliques homosexuels, ça me branche pas trop. Il y a des idées intéressantes, et la fin est mémorable, mais le visionnage m'a malgré tout paru assez douloureusement long. La démarche de Visconti était certainement de traduire à l'écran le texte d'origine en passant principalement par sa seule mise en scène, on va certainement me dire que c'est un film dont la beauté et les émotions parlent d'elles-mêmes, mais personnellement, je n'ai pas accroché.

On a souvent dit que le livre d'origine était inadaptable, et je serais curieux de le lire, car peut-être que la psychologie des personnages passe mieux en roman que sur grand écran. Quoiqu'il en soit, là j'ai un peu eu l'impression que c'était comme si on cherchait à faire un long métrage à partir d'une simple nouvelle qui n'aurait pas assez de matière pour... Mais bon, c'est aussi sans doute une affaire de goûts personnels, tant cette oeuvre est ancrée dans un romantisme pur et dur, qui me sied assez peu et qui va certainement diviser les avis. Sur le thème de la vieillesse, je conseillerai plutôt Les Fraises Sauvages.
OlivierBottin
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le 25 juil. 2014

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