Bon, dans ma toute passion pour Jean-Claude et pour sa filmographie, me voici donc près à regarder "Mort Subite", sans savoir de quoi ça parle du tout. Et sachant qu'en fait, pendant des années, je l'ai confondu avec "Chasse à l'homme". En fait, non, dans "Chasse à l'homme', le méchant, c'est Lance Henriksen et je l'aime bien. Ici, le méchant est un barbouze de la CIA ultra-bavard qui fait genre en permanence et lose comme un idiot. Mais reprenons depuis le début : Jean-Claude joue un ancien pompier, viré pour s'être un peu emporté en serrant trop fort une fillette dans ses bras, au point que la jeune fille n'en décède. Enfin, je crois. Bref, il devient pompier suppléant durant le match de hockey le plus impressionnant de la courte et très ignorée histoire du hockey. En effet, toutes les places ont été vendues, c'est dire si, fichtre, il doit y en avoir, des gens qui viennent reluquer ce match ! S'y trouvera aussi le Vice-Président, cible, forcément, de choix pour les terroristes qui s'invitent à la fête. Par un jeu de malchance, ils kidnappent la petite fille de Jean-Claude, qu'ils ramènent dans la suite présidentielle. Monumentale erreur ! Ah non, attendez, c'est un autre film, ça !
Bon, de toute façon, les emprunts, c'est pas ce qui gêne : ici, par exemple, on est dans du sous-Die Hard. Groupe militarisé et bien organisé, un peu du genre méprisant envers les forces de l'ordre tant ils sont bien mieux préparés, des gentils qui en fait, sont des méchants en sous main et un espèce de sous-Kruger. Attention, à ce point-là, ils auraient pu l'appeler Mort Hard ou Subite Die. Premier problème dans la structure du récit : la spatialisation est très étrange. Cela tient du fait, à mon sens, que l'espace se construit en deux temps : les gradins, avec le public et tout, et l'envers du décor, assez difficile à se représenter puisque les personnages ne donnent jamais l'impression de se l'approprier. Résultat, le lieu a l'air d'être un moulin où les méchants n'appliquent aucune coercition. Aucune cuisine n'est gardé, aucun bureau n'a l'air surveillé, aucune salle des machines ne voit sa patrouille de méchants en constant contact radio. Résultat, d'un côté, on a un espace ouvert où se déroule le match de hockey et de l'autre... une espèce de partie de cache-cache sans grande pression, parce que le héros peut aller partout sans trop de difficulté. Parfois, un ou deux méchants apparaissent subitement, mais le tout manque cruellement de cohérence. Dans Die Hard, on sent bien que Bruce Willis doit ruser pour se déplacer et on voit que les entrées sont identifiées et clairement fermées. Là, on sait pas trop. Dans le pire des cas, Jean-Claude peut passer par les gradins, pas un méchant ne les surveille ! Du coup, pour le côté progression dans l'envers, on repassera, et ça nuit énormément au plaisir de ce genre de film.
Ensuite, bordel, mais ces réactions de l'espace ! Le méchant n'est pas simplement idiot, il est juste complètement outta space. Il atteint un niveau stratosphérique dans le n'importe quoi. Je vais spoiler, mais je doute que vous ayez eu à l'esprit de voir le film... donc, le méchant détient la fille du héros, entre en contact avec le héros (comme Die Hard on vous dit). Il lui explique son plan machiavélique : il a truffé la patinoire de pains de C4. Ha ha ! il retient TOUT LE MONDE en otage, pas uniquement la fille du héros (dont il apprend qu'elle a un petit frère dans les gradins, au passage). Là, n'écoutant que sa testostérone, Jean-Claude lui balance que nan, il va pas baisser les armes, ils vont jouer à un jeu selon ses règles : il va retrouver tous les pains de C4 et s'il y arrive, le méchant libère sa fille. Et le méchant dit "ok, pas de soucis, de toute façon, moi, je sais où ils sont, alors je pourrais envoyer des gens pour te tuer en chemin". Bon, d'une part, moi, je trouve ça cool d'être joueur, mais quand le mec en face n'a strictement aucune carte en main, c'est pas très intéressant : là, le méchant, il tient la fille et possiblement le fils du héros, je vois même pas pourquoi il négocie. Ensuite, c'bien marrant de dire que tu vas envoyer des méchants pour lui régler son compte mais en fait, il faut le faire ! Résultat, Jean-Claude se promène (voire plus haut sur l'espace dans le film !) dans la patinoire et parvient à désamorcer presque tous les pains de C4. Lol. C'était si facile, en fait.
Donc voilà, la petite mise en situation servait à introduire le manque flagrant d'intelligence du script, qui a du mal à faire son numéro d'équilibriste entre les idées empruntées et son propre récit. Ah ben tiens, Kruger et McLane discutent, dans "Die Hard", il faudrait que Jean-Claude et barbouze parlent un peu. Oh tiens, Kruger était plutôt classe comme méchant, avec son pote hacker à côté de lui, ça serait chouette que barbouze soit en smoking et disserte sur le vin français (mon dieu...) tout en tuant des gens, avec son informaticien qui lol et joue à pacman dans un coin. Oh, et tiens, dans Die Hard, les flics, ils essaient de rentrer dans le bâtiment mais ils sont arrêtés à coup de lance-missile... je vous laisse deviner ce qu'il se passe dans "Mort Subite". Ca me surprend qu'on ait pas eu le "demi-boss" avec un grand blond qui en aurait voulu à Jean-Claude d'avoir tué son frère ! C'est d'autant plus chiant que le métrage rate complètement le coche dans la plupart des situations. Par exemple, c'est idiot, mais ne pas savoir le nombre de terroristes, ça donne l'impression qu'ils apparaissent ex nihilo, comme dans un jeu vidéo. J'ai même oublié de préciser le fait que Jean-Claude incarne le plus MacGyver des pompiers et qu'il a une connaissance parfaite de l'architecture puisqu'il sait où placer les pains de C4 pour faire s'effondrer la patinoire (parce qu'il est pompier suppléant, c'est son boulot, 'voyez). J'avais presque l'impression d'entendre le scénariste, avec un forceps, en train de pousser et de tirer l'idée en hurlant à son script "allez mais rentre, bordel".
Au final, on a un espèce de métrage complètement foutraque, qui a dix ans de retard sur la production contemporaine et apparaît comme étant réellement dépourvu d'éclats. Encore un film, donc où Jean-Claude se voit éclipser par ses muscles. Et enfin, le dernier quart d'heure du film où Jean-Claude fait une bombe à partir de matériel trouvé dans une confiserie et bondit dans la suite présidentielle pour tuer absolument tout le monde. Et le final. LE final. ZE final, complètement WTF, à base d'hélicoptère en incruste, où les proportions et les angles de vue sont complètement violés. Totalement fou. Mais très dispensable.
