Curiosité de cette fin d'année, Mortal Engine emprunte à Jules Vernes et son univers rétro futuriste à l'origine du Steampunk. Mais ce pourrait être aussi une autre version de Mad Max où des groupes d'humains nomades se disputent les dernières ressources terrestres. Oui vous l'aurez compris, Mortal Engine est un joyeux patchwork postapocalyptique cherchant à se démarquer des productions actuelles mais qui, sous certains aspects, rejoint de nombreux classiques du genre.
Les amateurs de SF et fantastique y retrouveront un acteur familier, le film étant essentiellement porté par Hugo Weaving (Matrix, le seigneur des anneaux, captain America first Avenger) toujours aussi magistral avec sa diction théâtrale et sa voix grave, parfaite pour incarner un Bad Guy à la fois secret et ambigu. Mais au delà de cette prestation attendue et de tous les artifices visuels signés Weta, la société d'effets spéciaux de Peter Jackson, Mortal Engine ne brille pas par le casting restant. Le personnage principal, sosie de Justin Trudeau, est un peu trop lisse, voire candide à l'instar d'un Frodon. On lui opposera une baroudeuse au visage meurtri, mais qui elle aussi, peine à exprimer l’âpreté présumée de son personnage. L'affiche façon Albator n'y changera rien, et là est peut-être la faiblesse du métrage, une nouvelle histoire d'amour improbable sur un malentendu. Quelques surprises nous attendent avec des seconds couteaux, une rockstar asiatique androgyne planant sur sa jonque high-tech, ou encore un cyborg au destin tragique à mi-chemin entre la créature de Frankenstein et le T-800.
Si le film démarre sur les chapeaux de roues, avec une introduction d'anthologie, il aura tendance à s’essouffler en cours de route pour reprendre un peu du poil de la bête vers la fin. L'aventure est toutefois au rendez-vous, nous avons droit à des combats dantesques entre Mégapoles roulantes, parfois volantes ou plus classiquement derrière un mur, au travers de paysages dévastés rappelant les terres du milieu... Un concept un peu absurde, sorte d'allégorie des dérives possibles du monde moderne, opposant à la manière de Dune des civilisations aux obsessions diverses, et qui ressemble à s'y méprendre aux derniers jeux-videos de conquête du monde. On se demande si l'oeil de Sauron ne va pas resurgir et nous rappeler le souffle épique d'une autre franchise, il manquera encore, une note poétique pour relever l'ensemble.