Le film sort en février 2014 en France. Je l'ai vu grâce à une AVP dans le cadre du festival de cinéma russe à Honfleur.
Le film est en fait dans la lignée de ce que Shakhnazarov avait fait au début de sa carrière. Il ressemble beaucoup au Coursier (Kuryer), ce très tendre et très beau teen movie romantique (loin des comédies grasses US à la American Pie, entendons-nous bien) qui prenait place durant la perestroika. Le point de départ est ici quasiment identique : un jeune de 18 ans, branleur, qui tombe amoureux d'une nana de son âge en URSS. A ceci près que le film ne se déroule pas à la fin des années 80, mais au début des années 70. Et comme dans Kuryer, la reconstitution du Moscou de cette époque est jouissive et passionnante. Il faut voir la scène où Serguei, le personnage principal du film, s'en va quérir un CD des Rolling Stones au marché noir, on se croirait devant un trafic de drogue :rire:
D'ailleurs, le début du film est très drôle et très réussi, multiplie les références et pour ceux qui connaissent un tantinet les 70s et le cinéma soviétique, c'est un véritable régal. On y parle de Boulgakov, des films de Leonid Gaidai, des Stones, des PF, enfin bref, c'en est presque du fan-service.
Donc, le cadre historique-social du film est très réussi, même si on pourra lui reprocher de flirter avec la carte postale sur certains plans.
Concernant la romance, et sans trop spoiler, Shakhnazarov n'utilise pas les codes éculés qui font le succès de certaines comédies romantiques bas-du-front. Il y a une véritable gestation et vie de l'Amour, on est pas devant Sexe entre amis ou je ne sais quelle daube. Non, le trait est beaucoup moins forcé, et paraît même beaucoup plus naturel, ce qui fait que l'on peut être vraiment touché par cette histoire d'amour. Vrai donc beau :reso:
Pour en venir au rayon des reproches (parce que le film n'est pas parfait, malheureusement), je dirais que le film est un peu moins réussi au final que Kuryer. Déjà, et même si ça ne se rapporte pas spécifiquement au film, les acteurs qui interprètent les rôles principaux (très bons au demeurant, la question n'est pas là) sont censés avoir dans les 18 ans, mais en font 25. D'ailleurs, les personnages agissent comme s'ils étaient plus âgés qu'ils ne le sont réellement. Parfois, on n'y croit franchement pas, pour tout dire.
Deuxio, pour en venir au sexe, c'était quelque chose qui tiraillait Kuryer. Sans voir un bout de nichon (et on n'en voit pas plus ici) et sans jamais être vulgaire ou insistant, le film parvenait à être érotisant et sensuel au possible sur certaines scènes. Depuis Kuryer, il y a eu la chute de l'URSS. Ce qui fait que Shakhnazarov peut évoquer le sujet de manière plus libre, et il le fait. Mais parfois, c'est un peu lourd et vulgaire, sans jamais que ça en soit indécent, attention. Mais je dirais que c'est surabondant et que ça ne crée pas forcément la sensualité discrète de Kuryer.
Tercio, et ce sera mon reproche majeur, on pourra reprocher au film de s'encombrer d'une partie purement dramatique à la fin (que je ne spoilerai pas) qui, si elle est plutôt émouvante (parce que filmée avec beaucoup de retenue, de manière très discrète), n'est ni particulièrement nécessaire, ni particulièrement pertinente et qui casse la progression naturelle et la belle ligne d'intensité du film.
Mais je vous le recommande, c'est quand même sacrément bien foutu et assez beau.