Le temps retrouvé
Coupé en deux parties, Moscou ne croit pas aux larmes est une belle fresque où Moscou joue un rôle à part entière, de par son attrait, ce qu'il représente et la façon dont Vladimir Menshov le filme...
le 18 févr. 2024
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Coupé en deux parties, Moscou ne croit pas aux larmes est une belle fresque où Moscou joue un rôle à part entière, de par son attrait, ce qu'il représente et la façon dont Vladimir Menshov le filme sous tous les angles.
Derrière ce très beau titre se cache le destin de trois amies qui débarquent à Moscou à la fin des années 1950, dans l'espoir d'y trouver le bonheur, un concept dont la définition varie selon les amies. Menshov s'attarde d'ailleurs sur ce qu'est ce bonheur : une reconnaissance dans le travail, une vie simple avec un mari aimant ou la recherche de la richesse. Par des dialogues simples et crus, il nous fait comprendre tout cela, les oppositions dans le mode de vie et, finalement, comment vivre sa vie et faire face aux aléas du temps et à tout ce qu'on ne maîtrise pas.
Il y a certes les trois amies, dépeintes donc en 1958 puis à la fin des années 1970, et toute une galerie de personnages autour, plus ou moins importants, mais chacun offrant un peu de rire, d'émotion ou simplement d'intérêt au film. Il y a aussi Moscou, filmé dans ses rues, de près ou de loin, avec sa mentalité, ses usines, ses statues ou ses monuments, parfois imposants, d'autres fois sublimes. D'ailleurs, il n'y a pas que la capitale soviétique, les moments à la campagne permettent aussi au cinéaste de sublimer cette partie de la Russie.
Vladimir Menshov signe un film plutôt cru, dans la mentalité, visuellement et philosophiquement, dans le sens où il n'hésite pas à montrer ce qui peut réellement intéresser les Moscovites de l'époque : l'amour, le sexe et surtout la liberté. Il étudie la société moscovite avec intérêt, et c'est passionnant. Il n'a pas besoin de dire beaucoup, mais au fil des dialogues ou des personnages, on comprend l'importance de côtoyer la Nomenklatura, une société féministe (la façon dont l'avortement est abordé, par exemple), les débats intellectuels qui ne diffèrent pas forcément de ceux occidentaux, l'alcool, les tracas de la vie de tous les jours, etc
Enfin, dans la vision de ces trois destins, Menshov n'oublie pas de mêler au dramatique un peu de romantisme (réservé à la seconde partie principalement) et un peu d'humour (la scène dans le club de rencontre est géniale!). L'ensemble marche à merveille, l'alternance entre les tons est maîtrisée et l'atmosphère forme un tout prenant tout le long du film. Les comédiens sont très bons, à l'image d'Alexeï Batalov dans la seconde partie, ils participent à la profondeur des personnages et surtout à l'impression du temps qui passe et de la douce mélancolie qui s'installe peu à peu. C'est bien là l'essentiel du film : un drame émouvant sur l'amour, la difficulté de la vie et le temps qui passe.
Avec Moscou ne croit pas aux larmes, Vladimir Menshov signe une belle fresque dramatique, teintée de romantisme, sur le temps qui passe et l'amour, sublimant Moscou et nous immergeant dans sa société, aux côtés de trois femmes aux destins variés et passionnants.
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le 18 févr. 2024
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