La première vision est celle du plaisir (le mot est faible) de se retrouver dans l'univers du roman russe. Les habits, les barbes, les calèches : ce dépaysement doux et savoureux. La rue Tverskaya est en fête (banderolles, décorations diverses) [La caméra est dos au Kremlin et regarde vers le haut de la rue]. On perçoit une majorité écrasante d'hommes. Les voitures à cheval sont attelées à la russe. Une deuxième vision donne à voir une petite scène : un homme s'est arrêté près du réverbère et regarde dans la direction de la caméra. D'autres s'arrêtent près de lui. Une autre vision montre qu'un autre homme à qui il a fait signe va ensuite aller vers le caméra (par la côté du cadre) et on peut imaginer qu'il est allé voir, demander quelques explications à l'opérateur (aimablement ou non, c'est une autre question) et que l'homme arrêté au réverbère suit la discussion hors-champ, en attente des explications. En début de plan, un homme en voiture - d'aspect plutôt européen - fait un salut avec son chapeau en bord cadre à la caméra, peut-être un "familier" de l'équipe Lumière ?
Catalogue Lumière, reprenant un article :
« Les fêtes du couronnement, Moscou le 21 mai. — […] La rue Tverskaïa : […] Ce chemin mesure une bonne lieue, c’est la rue Tverskaïa, la principale artère de Moscou, qui mène du palais Petrowsky, où l’empereur est descendu lundi en arrivant de Saint-Pétersbourg, à la place Rouge, c’est-à-dire au Kremlin. […] La rue a été couverte d’une épaisse couche de sable jaune qui assourdit le bruit des grandes bottes. » (Le Messager de Toulouse, Toulouse, 22 mai 1896).