Languir dans la recherche du primitif en soi.

« Mosquito Coast » s’approche de ce que l’on pourrait qualifier de drame d’initiation.
Le film est centré sur Allie Fox : père de famille qui ne colle pas aux réalités, sorte d’altermondialiste buté et mégalomane qui, à coup de sophismes et de sentences autant péremptoires qu’emplies de non-sens, entraine sa famille dans un périple à l’issue hasardeuse en Amérique centrale.

Une fois sur place, devenu propriétaire d’une petite « ville » comptant trois cabanes autant de pelés et un tondu, il sollicitera excessivement les forces de son entourage en vue de réaliser sa vision d’un monde nouveau.

Quoique cet antihéros semble très antipathique dès l’ouverture, il manifeste un certain charisme asphyxiant qui subjugue ses enfants ainsi que sa femme; il faut dire que l’hurluberlu possède des connaissances fines dans le domaine de l’ingénierie et ne manque pas de créativité, en outre son fanatisme et la ferveur avec laquelle il crache sur le monde peut passer pour de la force de caractère.

C’est la déconstruction progressive du personnage à travers les diverses péripéties de la famille Fox qui dresse conjointement drame et initiation.

Drame parce que la désillusion de la famille se fait dans la souffrance et la cruauté par le jeu des rapports de forces entre Allie Fox et son environnement - en témoigne le passage des barbudos, ou la confrontation à cette nature puissante et indocile,…

Initiation parce que l’on ne peut éviter de s’interroger,…notamment sur cet aveuglement d’Allie qui ne semble pas percevoir que sa lubie va crescendo jusqu’à une démence abjecte,…Pourquoi ne se remet-il pas en question ? Comment peut-on faire preuve d’un entêtement autant morbide si ce n’est que l’idéologie foireuse qui sert de prétexte à ses actes prend racine dans une immense frustration vis-à-vis du monde. Un monde qui ne lui a sans doute pas permis d’exploiter tout ce qu’il pensait être ses dons,…Un monde qu’il préfère sacrifier au mythe du bon sauvage. C’est bien entendu l’origine de ce sentiment qu’il est intéressant de questionner.

D’un point de vue cinématographique le film me semble fonctionnel : Peter Weir ne s’attarde pas sur le descriptif, il se focalise sur ses personnages. Le monsieur sait mener son histoire et le rythme est cohérent du début à la fin même si j’ai ressenti un peu de précipitation dans la conclusion très romantique. Mais bon,… la fin est ouverte et c’est pas plus mal.

En somme, « Mosquito Coast » ça vaut d’être vu.
Luxien
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le 15 juil. 2014

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Luxien

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