Darren Aronofski est un réalisateur que j'aimais. Et puis je m'en suis détourné, sans pour autant moins aimer certaines de ses créations. The Fountain est toujours l'un des rares films pouvant me bouleverser profondément, tout comme Pi et Requiem for a dream sont des œuvres qui constituent des moments importants dans mon cheminement cinématographique.


Je suis allé voir Mother ! sans trop savoir à quoi m'en tenir. Vendu comme un film d'horreur, j'avais lu qu'il n'en était rien. Autant dire que j'y allais sans attente.
Bilan : quelle séance ! Quel film ! Mother ! est un délire total sur la création, l'obsession chère à l'auteur.


L'histoire raconte comment la femme d'un écrivain s'échine à reconstruire la maison de son mari, à établir un nid parfait pour qu'il puisse enfin trouver l'inspiration. Une fois que ce temple parfait a pu renaître de ses cendres il sera envahi par des intrus obsédés par l'écrivain et sa création.
Mother ! est un film fou, où les personnages ne sont pas vraiment humains. Ce sont des topoï, des allégories servant à raconter une parabole aux multiples niveaux d'interprétation. C'est une histoire sur un couple en mal d'enfant. C'est une histoire sur une femme qui ne supporte pas l'idée de partager son mari avec ses fans (au sens propre de "fanatiques"). C'est une histoire où l'homme délaisse sa femme par narcissisme. C'est l'histoire de mère nature qui lutte contre l'humanité entière qui ne fait que souiller un monde qui pourrait être idéal et qu'elle va alors détruire. C'est une histoire sur un écrivain en mal d'écriture. C'est aussi l'histoire de Dieu, du paradis perdu, de Caïn et Abel. Mother! est donc un film polysémique et jusqu’au-boutiste. L'histoire de l'humanité se déroule dans cette maison, on y voit le fanatisme, les guerres, la vie et la mort, le début et la fin, ainsi que l'éternel retour de Nietzsche.


Il manque quelques clefs, le film est probablement un peu trop long mais cela n'enlève rien à la puissance évocatrice d'un film total, puissant, poétique sublimé par Javier Bardem, froid et rugueux, mais surtout Jennifer Lawrence en incarnation de la pureté, muse, à la fois victime et incarnation de la vengeance lorsque l'on touche à sa création. Le spectateur, s'il parvient à entrer dans le film (ce qui n'est pas évident, les rires étaient nombreux pendant et après la séance, ce qui m'a touché plus que de raison) sombrera dans un enfer viscéral proche de ce que L'échelle de Jacob proposait.

StevenMcGuffin
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le 21 sept. 2017

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Steven McGuffin

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