Revers de mineur dans la nuque d'un bébé

Aller voir ce film sans rien savoir dessus, mis à part que l'on apprécie les deux acteurs principaux et que son réalisateur a une certaine réputation, est une bénédiction. Le voir au cinéma avec des amis qui voulaient simplement passer un bon moment entre copains est un miracle.
Car Mother! est un grand revers de mineur envoyé dans la tempe du spectateur. On ne sort pas indemne de ce film et d'autant plus quand on ne s'attend à rien et qu'on est habitué à voir des films Marvel tous les mercredis.

Tout d'abord on est étonné par la mise en scène et la photographie entièrement maîtrisée. Ensuite par Jennifer Lawrence que l'on n'a ni l'habitude ni l'envie de voir dans de tels situations.
Durant la première partie du film, on est hypnotisé par les mouvements de la caméra qui se déplace avec légèreté dans son environnement tout en nous amenant dans l'intimité de son sujet principal: la jeune mère Véronica. On s'y attache d'ailleurs très vite.
L'autre partie du film est un enchaînement de coups biens placés dans le crâne du spectateur. Le film se transforme en "home invasion" angoissant, pour ensuite choquer davantage le spectateur avec de violentes scènes.

(exemple au hasard: un bébé qui se brise la nuque.)

Le film est un véritable crescendo émotionnel.
Mais on se demande alors: qu'est-ce que cette claque qui nous ait donné veut nous raconter ?

Le film met en image beaucoup de choses: on peut y voir un sens biblique ou écologique, une oeuvre sur la relation entre un homme et une femme ou encore sur l'auteur et son rapport avec son public et son ego. De nombreux thèmes intéressants mais abordés avec peu de finesse. Le film est grotesque par moment tellement il veut trop en faire et forcer sur sa fausse profondeur. Finalement le récit part dans tous les sens pour servir un propos qui prend trop de place.

Mais ce film implique le spectateur et ne nous laisse pas de marbre, ce qui n'est pas négligeable. Il peut aussi être une bonne porte d'entrée pour un public jeune vers une facette du cinéma qui est rare ou difficilement perceptible dans les films grand public.
Il a en effet permit à un groupe de jeunes spectateurs de sortir de leur zone de confort et les a permit de débattre sur le propos du film et sur son utilité. Car le film nous force à nous poser des questions sur son propos puisqu'il n'est qu'une grande allégorie à plusieurs sens et que le scénario n'a absolument aucun sens quand on ne fait pas l'effort d'interpréter le film. Ce qui peut d'ailleurs en repousser plus d'un.
Alors même si la manière manque de subtilité le film est à mon sens suffisamment marquant pour être qualifié de réussi.