Il m'a vraiment fallu du temps pour digérer ce film et savoir réellement ce qu'il valait. Durant mon premier visionnage au cinéma lors de sa sortie j'étais littéralement tout seul dans la salle (vive le milieu de semaine libre) les conditions parfaites pour apprécier découvrir et étudier un film. Même si je savais parfaitement que Darren Aronofsky était à la tête de ce film (raison de plus pour aller le voir) et que je sentais arriver le cycle de séchage du lave linge dès le début du film, je ne m'attendais pas à rester autant planté sur le cul et l'estomac en même temps.
Le deuxième visionnage bien plus tardif et plus posé m'a permis de prendre un meilleur recul sur le film, ses enjeux et d'en avoir une interprétation moins confuse.
C'est l'histoire d'un couple d'artiste s’installant au milieu de nul part dans une ancienne maison et dont les aménités viennent à être troublées par de mystérieux visiteurs.
Niveau acteurs je ne pense pas avoir besoin de me justifier sur l'excellence du jeu offert quand on voit la qualité du casting global, à ce niveau tout va bien mais c'est la réalisation et l'ambiance globale qu'il faut décrypter et là tout devient plus complexe.
J'ai traduit toute cette mise en scène que ce soit la maison en rénovation, le livre en cours d'écriture, la naissance de l'enfant comme étant de frappantes allégories de création. De même pour cette pierre étrange que l'on devine être symbole d'inspiration, ainsi que le cœur de la maison et de cette femme : un véritable tout, une genèse illimitée et libre de s'exprimer. La source de toute cette création vient à être détruite à la suite du passage récurent d'étranges visiteurs (assez insupportables d'ailleurs) ce qui provoque un déséquilibre psychotique fortement ressenti par le personnage incarné par Laurence, sans même la moindre parole on vit au plus profond de son être et on reçoit toutes ses émotions de plein fouet dans ce qui se transforme en espèce de trip délirant tournant autour de la violence, la destruction, le vol des biens d'autrui et l'irrespectueuse avidité ressentie par les fans de l'écrivain devant les richesses de cette exemple de création. On se rapproche des traits bibliques associés à l'enfer (les flammes, la destruction, ...) et surtout au purgatoire (boucle infini de frustration de souffrance et la descente continuelle et abyssale de l'état psychologique des personnages, on s'en rend surtout compte à la fin lorsque tout recommence exactement de la même manière), et c'est à la fin de cette boucle infini que le film m'a soulevé plusieurs interrogations : Est-ce que l'homme peut créer sans tout détruire par la suite ? Peut-il se prendre pour "Dieu" sans qu'il y ait la moindre conséquence ? Sommes-nous tous corrompus par cet esprit de destruction purement humain ?
Voilà pourquoi je trouve ce film bon, il secoue et nous interroge sur la vie avec à la fois finesse et brutalité le tout renforcé par un déferlement constant d'émotion même pendant des moments de longs silences, car la maison aussi semble exprimer des sentiments ce qui au final est vraiment perturbant.