"Mother!" c'est le genre de film à la fin duquel tu ressors en te disant : "Mais qu'est-ce que je viens de voir ?" D'ailleurs moi qui ai tendance à me trouver malin dès que j'arrive à entrevoir ce que le réalisateur veut suggérer, je me suis senti bien con... Merci Darren Aronofsky pour la leçon d'humilité.


Par où commencer ? Je vais d'abord essayer de décrire ce que j'ai ressenti en voyant le film.
On suit donc un couple installé dans une immense maison au milieu de nulle part. La femme passe ses journées à rénover cette demeure pendant que le mari, écrivain, cherche l'inspiration pour sa nouvelle œuvre. Tout va bien dans le meilleur des mondes, jusqu'au moment ou un homme vient frapper à la porte. Et là c’est le bordel. On est mis à la place de la femme, et on se prend un véritable ouragan en pleine tête. L’ambiance est pesante et le moindre mouvement, la moindre parole des invités (puisque l’homme ne sera que le premier) semble à la fois absurde et angoissante. Très vite j’ai eu l’impression de me retrouver dans une sorte de "Rosemary’s Baby". On ne comprend rien à ce qui se passe, le rythme s’accélère peu à peu et les situations sont de plus en plus aberrantes et violentes. L’univers de la femme se retrouve envahi, souillé, et son mari lui est peu à peu arraché. Elle se retrouve donc complètement seule au milieu de la tourmente.
Je ne m’étendrais pas beaucoup plus sur le scénario car ça part un peu dans tous les sens.


Avant toute chose, un petit point sur les acteurs : Javier Bardem et surtout Jennifer Lawrence sont vraiment excellents.
Pour le reste, comme je l’ai dit au début je suis (presque) resté bloqué au premier niveau de lecture du film, c’est-à-dire l’histoire que je viens de vous raconter. En voyant le film sous cet angle, il en ressort une ambiance très travaillée, mais une histoire complètement invraisemblable. On attend la fin du film avec impatiente pour enfin comprendre où tout ça mène. Bon bah raté, le « retournement de situation » final nous laisse complètement sur notre faim. Il en ressort quand même une réflexion intéressante sur la difficulté du processus création au travers du mari et la relation du couple une fois qu'il a du succès, mais ça ne me satisfaisait pas assez. Du coup, après avoir vu le film et m’être senti comme un idiot qui n'avait rien compris, j’avais le cerveau qui chauffait et qui essayait de démêler toute cette intrigue. J’ai donc regardé quelques critiques, et je me suis retrouvé devant une évidence : je suis passé à côté de l’interprétation principale. Et pourtant quand on le sait, c’est gros, mais énorme : « Mother! » est une métaphore de la bible (une partie en tout cas). Le mari est Dieu, la femme est la mère nature, les deux premier invités sont Adam et Eve etc etc… Alors oui, bravo au scénariste (tiens encore Daren) pour avoir réussi à faire rentrer sa métaphore dans un huis-clos. Il y a franchement un travail de folie là-derrière et je repense encore à des passages du film en comprenant enfin ce qu’ils pouvaient représenter. Mais malgré ça, j’ai 2 gros problèmes



  • La religion et moi ça fait deux : je trouve toute cette mythologie complètement absurde. Du coup la métaphore donne des scènes vraiment irréalistes (sans forcément parler de la dernière partie du film, simplement les relations entre les personnages)

  • Malgré tous les efforts pour que cette histoire puisse être adaptée sous cette forme d’huis-clos, il y a tout un tas d’incohérences ou de détails que je ne m’explique pas : pourquoi cette attirance entre Eve et Dieu ? C’est quoi cet embryon dans le mur ? Quel est ce « médicament » que mère nature prend ? Que représente le trou dans le plancher ? etc … Alors c’est sûrement lié à mon manque de connaissance de la religion, mais ça n’en reste pas moins frustrant.


Globalement, pour que la métaphore ait vraiment pu m'intéresser, il aurait fallu que l’histoire qu’on me raconte soit un minimum cohérente.


Mais la plus grande question est : quel est l’intérêt de ce film ?


Je m’explique : il nous montre un cycle, depuis la création du monde par Dieu jusqu’à l’apocalypse, et un renouveau. En fait, à la fin, on se retrouve exactement au même point qu’au début, absolument rien n’a changé. Dieu est toujours le même, et on peut légitimement supposer qu’il a déjà vécu ce cycle une infinité de fois, et qu’il le vivra encore une infinité de fois. Donc je suis perplexe sur l’intérêt de ce que j’ai vu, puisque cela n’avance à rien. Le seul personnage qui était là avant, et qui sera là après (Dieu donc), n'a pas évolué.


Bon voilà j’ai à peu près fait le tour, j’espère que c’est resté assez clair. Il en sort un 6 qui a n’a pas une énorme valeur : je n’ai pas forcément été hyper emballé, et malgré les reproches que j'ai pu faire, le jeu des 2 acteurs principaux et l’ambiance globale m’ont convaincu, et c’est surtout assez plaisant de faire chauffer le cerveau.

Alίas

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6
4

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