Mother! est un film dont on ne peut pas vraiment parler sans révéler ce qu’il cache. C’est pourquoi je ne laisse ici qu’une impression sur l’œuvre que je viens de voir, à défaut d’une analyse filmique complexe et détaillée.
Regarder la bande-annonce du dernier film de Darren Aronofsky ne ferait que vous conduire sur une fausse piste quant au contenu de Mother!
Avec ce film, le réalisateur nous embarque dans une expérience hallucinante, grotesque, sensorielle, angoissante, longuement insaisissable, qui fait osciller le spectateur entre patience, incompréhension, ennui, immersion totale et questionnements incessants.
Difficile à appréhender, l’œuvre sort des sentiers battus (mais battus seulement par d’autres que le réalisateur lui-même) au point qu’elle déphase le spectateur, qui se demandera sans doute ce à quoi il est en train d’assister.
Les allégories sont nombreuses, exposant une nouvelle fois les thématiques les plus chères à Aronofsky : l’obsession, la religion, le corps. Les images sont belles, fortes, vibrantes, mais souvent putassières. Les ambiances sonores sont maîtrisées, efficaces, mais parfois injustifiées. Seule la mise en scène et les comédiens se veulent impeccables, malgré la présence de quelques effets qui peuvent faire sourire.
Aronofsky oscille entre cinéma d’horreur efficace et exercice de style ostentatoire, dont la portée philosophique simpliste ne laisse pourtant pas indifférent. Une œuvre déroutante qui enferme le spectateur aux côtés d’une Jennifer Lawrence jamais dirigée ainsi (et remarquable). Une œuvre mégalomane qu’il est parfois compliqué de prendre au sérieux. Sans doute un film réussi, au fond, puisqu’il ne peut laisser insensible.