Aux miroirs du genre

Never Let Go ressemble à tant d’œuvres fantastiques récentes qu’il est très difficile de l’apprécier à sa juste valeur, oscillant entre The Village (M. Night Shyamalan, 2004) et A Quiet Place (John Krasinski, 2018) ; il déambule dans une forêt de miroirs réfléchissant des spectres d’un passé resuscité le temps de la projection qui tourmentent personnages, réalisateur et spectateurs sans pourtant les hanter. Et c’est ce caractère tout à la fois lisse et stéréotypé de l’intrigue principale qui échoue à nous immerger au sein d’une production à l’ambiance pourtant soignée, en témoignent l’attention portée aux sons et la qualité de la musique originale signée Rob. La métaphore filée de la maternité nocive qui enferme ses enfants et les empêche de s’émanciper, empruntée à Room (Lenny Abrahamson, 2015), s’accompagne d’une ribambelle de clichés psychanalytiques, symptomatiques des productions récentes : le requin maternel de The Shallows (Jaume Collet-Serra, 2016), les crocodiles persécuteurs de Crawl (Alexandre Aja, 2019) où surnageait d’ailleurs le deuil impossible d’une mère, etc. Loin des subtilités du cinéma espagnol, à l’instar d’un Mama (Andrés Muschietti, 2013), le film est ligaturé de toutes parts, similaire en somme à cette maison dont les fondations sont munies de cordages ramenant à eux, encore et encore, les mêmes corps fatigués.