Il faut reconnaître que certains films de la saga Godzilla possèdent un charme indéniable, dû autant au manichéisme naïf dont ils font preuve que de la superbe démonstration de trucages "à l'ancienne", qui ne manquent pas d'inventivité.
Cette fois, ce n'est pas un brûlot contre l'attaque nucléaire américaine et ses répercussions sur la société japonaise dont nous parle ce Mothra contre Godzilla, mais d'un sujet écologique plus global. On y traite à la fois des méfaits du capitalisme (incarné par des patrons qui décident d'acheter l’œuf de Mothra pour le rentabiliser dans une attraction) et des répercussions des essais nucléaires, qui étaient encore courants à l'époque. Evidemment, les personnages sont extrêmement archétypaux et la critique ne va pas bien loin, mais c'est justement ce qui rend le film attachant. Tout est très naïf, et fait preuve d'une sincérité parfois touchante.
Car Mothra contre Godzilla, c'est un film qui parle à l'enfant qui est en nous, en lui donnant son lot de maquettes détruites par un type en costume de caoutchouc, de tanks miniatures et d'explosions. Mais au delà de ça, on constate le travail d'orfèvre qui se trouve derrière, comme la volonté de raccorder les prises en extérieurs avec les maquettes studios, qui parfois fonctionne étonnement très bien ! De plus, certains effets spéciaux (notamment les premières apparitions de l’œuf géant dans l'océan) sont impressionnants, même si la plupart ont terriblement mal vieillis (les incrustations en particulier). On pourra difficilement se retenir de souffler du nez lors du combat final, tant la gestuelle de l'acteur dans le costume de Godzilla fait penser aux scènes d'action d'un Chaplin (dotant plus que les scènes sont parfois accélérées!).
Tout dépendra donc de ce que l'on viendra chercher dans un tel film. Ceux qui aiment se replonger parfois dans une naïveté enfantine y trouveront leur compte, tous comme ceux qui y chercheront une démonstration de l'inventivité visuelle des kaïju-eiga. Ce qui est sûr, c'est qu'on est très loin de la portée politique du film de 1954.
PS : si le cinéma japonais vous intéresse, vous pouvez venir piocher dans ma liste https://www.senscritique.com/liste/Les_oublies_du_cinema_japonais/1704611