Motor Killer
3.6
Motor Killer

Film de Paul Winters (1989)

Linda est une jeune actrice débutante. Après être tombée en panne avec sa voiture, elle fait la connaissance bien malgré elle d’un évadé d’un asile psychiatrique, Arthur, qui tombe sous son charme. Capturé par la suite après quelques morts de sa responsabilité, il s’enfuit à nouveau quand il apprend que Linda a décroché un rôle. Il décide donc de la rejoindre sur le tournage.


Je serai franc, ce n’est pas un film qui s’ apprécie pour ses qualités.


Les personnages sont esquissés à grands traits, comme le tueur tellement animal qu’il hurle avec les loups. Ce n’est pas forcément gênant, et Loren Winters qui joue Linda possède une indéniable présence à l’écran, malgré la légèreté des dialogues. James Courtney qui joue Arthur a le physique d’un héros des années 1980, entre Kurt Russell et Lorenzo Lamas, sans le même charisme. Il en fait tellement trop, c’est presque mignon.


Il n’y a pas vraiment de tension, le vilain erre, il tue, et pas grand monde ne semble se soucier de sa présence. L’histoire en dehors du ressort de Linda ayant survécu une première fois à Arthur n’a rien de bien folichonne : ils essaient de faire leur film, et Arthur tue des gens en attendant.


Et à ce point du raisonnement, peut-être l’aurez-vous compris, c’est un film qui s’apprécie pour ses défauts. C’est du bon nanar.


Et on peut même se demander si le second degré n’est pas intentionnel. En effet, quand Linda obtient un rôle c’est pour un personnage dans une film de science-fiction complètement série B. Les créatures, les costumes, les créatures, tout est en toc, comme l’apprécient les amateurs.


(Le film est une coproduction Cannon films, studio réputé pour ses films à petits budgets. Peut-être que les décors proviennent d’un autre film, il faudrait que les exégètes du nanar se penchent dessus)


Et cela fausse complètement le jugement. Le film débute par un thriller horrifique bien mal engagé, et c’est ce film dans le film qui capte l’attention. Il y a une telle volonté de recréer une ambiance passée de SF que tout le ressort dramatique passe derrière.


Mais il y a aussi des défauts dont on sait bien qu’ils ne sont pas intentionnels. Au vu de la visite peu crédible de l’asile psychiatrique, on comprend que l’équipe du film n’a pas fait beaucoup de recherches.


Il y a aussi toutes ces imperfections, ces problèmes techniques. Il y a d’incroyables problèmes de raccords : Arthur, enfant, tue le compagnon de sa mère dans le dos, celui-ci s’écroule mais il est blessé à l’abdomen… Une perche se balade dans le champ à un autre moment. Et ma scène préférée, quand deux acteurs montent en moto, pour s’échapper, que la caméra les suit et qu’on les voit s’arrêter deux mètres plus loin pour en descendre, sans raison. La scène a juste été mal coupée et comprend donc le plan où les acteurs arrêtent de jouer.


Et pourtant, la mise en scène n’est pas mauvaise, avec un peu de recherches dans les cadrages. Les cascades valent le coup, surtout si elles se terminent en bain de sang. Le compteur de morts est affolant dans ce film.


On peut même dire qu’il est entraînant, on guette pour savoir où il va nous emmener, dans ce mélange de thriller, d’horreur, de science-fiction et peut-être de comédie, dans ce patchwork incroyable, d’une schizophrénie qui alterne entre les problèmes techniques et d’autres éléments plus réussis.


Le film est peut-être d’une bête simplicité, mais il a ce côté complice. Il est nul au point d’en être amusant et attachant, et peut-être même qu’il en joue avec nous. Il a son petit charme qui nous interpelle, et tant pis s’il est au second degré.

SimplySmackkk
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le 3 mai 2022

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