Japon, XVIIIe siècle. Dans un petit village rural frappé par une famine à cause de plusieurs hivers rudes, les tensions s'aggravent entre les villageois, faisant ressortir de vieilles rivalités et obligeant certains à commettre des crimes abjects.
Le film commence un peu comme You Won't Be Alone, le très curieux film macédonien de Stolevski (2022), mais avec moins de maîtrise formelle, disons-le.
La deuxième partie du métrage s'améliore considérablement et se love clairement dans l'ambiance sylvestre et mystique de ce Japon animiste où les croyances dans les pouvoirs magiques de lieux naturels côtoient les rites beaucoup plus "officiels" de la religion shinto. La performance de l'actrice principale, d'abord hésitante, se fait ensuite mémorable, servie par une ambiance sonore fabuleuse et une réflexion philosophique intéressante.
Le troisième tiers en revanche se fait plus bavard, sans doute trop, et l'intrigue prend le pas sur le sensible, qui irriguait jusque-là l'histoire avec force et justesse. Le dénouement frise la faute de goût, mais le réalisateur s'en sort par son sens aigu de la sobriété, ce qui sauve un peu le film. Mention spéciale à l'ambiance "village paumé en détresse", qui rappelle pas mal A Legend or Was It? (K. Kinoshita, 1963) et l'excellent La Femme de Seisaku (Y. Masumura, 1965).
On regrettera également la durée réduite de Mountain Woman, qui lui enlève de son poids mystérieux et contemplatif. Dommage, d'autant plus quand on voit la beauté stupéfiante de la photographie, malgré une colorimétrie (volontairement, sans doute) tristoune : Mountain Woman est sans doute l'un des plus beaux films de ce début de décennie. Il m'a fait penser sur ce point à The Tale of Iya (T. Tsuta, 2013), avec lequel il partage d'autres points communs, dont celui de donner la vedette à une héroïne à la fois très fragile mais forte "spirituellement", presque malgré elle.
Une belle surprise, à découvrir pour les amateurs de japoniaiseries écolos dans l'air du temps.