Quel courage d'avoir réussi à tourner, sous la dictature franquiste, cet épisode si particulier et (si méconnu pour certains) de l'Espagne, en prétextant un tournage en faveur de la culture de ce pays pour aborder cette période taboue à l’époque. Cet alibi est devenu un court métrage de 13 minutes sobrement intitulé : Pour l’Espagne. Ce dernier propose des images supplémentaires à ce document et des scènes de tauromachies saisissantes.
Ayant subi des coupes lors de sa diffusion dans certains pays et même en URSS, le réalisateur Frédéric Rossif a réussi l’exploit de réaliser uniquement six coupes sur les 25 demandées par El Caudillo (scènes avec La Pasionaria, les brigades internationales …). Des images rares et nécessaires renforcées par les narrateurs (Suzanne Flon, Pierre Vaneck) et la musique de Maurice Jarre. Cela donne une bonne idée au spectateur de ce que le peuple espagnol a subi pendant ces tristes et morbides années de guerre civile. D’ailleurs, le terme « civile » est remis en cause par certains historiens depuis des années car le Portugal, l’Italie, l’Allemagne, l’URSS sont intervenus dans ce conflit pour donner un avantage soit à Franco, soit aux Républicains.
Malgré la répétition de quelques plans à certains moments, je considère qu’il fait partie des œuvres incontournables sur cette période, encore aujourd'hui, pour lutter contre l’oubli. En effet, il n’y a pas qu’en Allemagne où se sont produit des atrocités innommables au XXème siècle. L’oscar du meilleur documentaire en 1963 leur a échappé à 5 voix près, d’après la productrice Nicole Stéphane, pour revenir à un documentaire sur un autre dictateur indiscutable : black fox : the rise and fall of Adolf Hitler.
Pour ceux que cela intéresse, je les invite à lire également : Les fils de la nuit, souvenirs de la guerre d’Espagne