Bien que le carton introductif s'en défende, Mourir d'aimer est fortement inspiré de l'histoire d'amour qui s'est terminée de façon tragique entre Gabrielle Russier et Christian Rossi. Donc, ici, les noms et les lieux ont été changés, mais elle raconte la même passion entre une professeure et un de ses élèves, que seize ans séparent. Cette passion interdite va être mal prise par les parents du jeune homme et par la société sur le modèle du qu'en dira-t-on.
Il faut dire que le film est porté par Annie Girardot, laquelle est magnifique d'intensité. C'est une femme qui veut vivre un amour très fort, mais qui est frappée par les conventions sociales de l'époque ; elle risque le mise au ban de la société, voire de perdre son emploi de professeure. Mais rien n'y est fait, et on le voit à travers l'intensité de ses scènes avec le jeune Bruno Pradal, dont ce fut le premier rôle au cinéma ; l'amour est plus fort que tout.
Bruno Pradal a lui aussi quelque chose de puissant, avec son physique massif le rendant plus âgé qu'il n'y parait, et qui est en lutte avec ses parents, reprochant à sa professeure de l'avoir envouté. Ils vont donc l'envoyer dans des instituts psychiatriques pour tenter de le guérir (mais de quoi ?), mais rien n'y fait.
Le film repose en fait sur la voix-off de Bruno Pradal qui discute avec une autre personne à la manière d'une garde à vue sur ce que fut leur relation, qui dura deux ans, mais dont la société d'alors n'était pas prête. Je suis certain qu'une telle histoire passerait beaucoup mieux aujourd'hui, les conventions sociétales ayant tout de même changés, ne serait-ce que l'âge de la majorité (sexuelle ou non).
La réalisation d'André Cayatte se veut au fond assez simple, mais le sujet, ainsi qu'Annie Girardot, emportent tout sur le chemin de l'émotion, notamment sa dernière phrase, qui sous-entend une future avancée dans les mœurs, même si ça sonne comme une défaite.