...Il était une fin !
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le 7 oct. 2021
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Daniel Craig aura été le plus vulnérable des James Bond.
Alors oui, No Time to Die n'est pas un chef-d'oeuvre : son scénario est tordu, Léa Seydoux est aussi bonne actrice qu'un mur de prison, le film est légèrement long et mielleux, mais... Mais il est une très bonne conclusion de l'ère Craig et une petite claque esthétique.
Souvenez-vous, avant Daniel Craig, James Bond était certes un agent tactique, un peu rigolo, plein de vitalité, mais c'était aussi l'incarnation du parfait misogyne macho qui voyait sa virilité comme une arme ou comme un sex appeal et qui sautait les femmes comme il plombait les hommes. Quand Craig est arrivé, le passé et la psychologie du protagoniste ont pris une place de plus en plus assumée pour lui donner enfin la consistance d'un humain et non d'une machine sociétale à exécuter des ordres (et à ne pas les respecter aussi, en couchant à droite et à gauche en pleine mission). James Bond était creux, sans autre conviction que celle de servir son pays, et sans rien à perdre. Il est devenu un être complexe et sensible, capable d'être une vraie brute sanguinaire, oui, de risquer sa peau, mais aussi capable de protéger, d'aimer et de mourir.
No Time to Die est une consécration à ce personnage doué de sentiments profondément humains. Et le plus fou, c'est que Daniel Craig, que certains ont tendance à qualifier d'inexpressif, est l'acteur le plus émouvant du film. Contrairement à Léa Séydou, qui a tout le temps l'air d'une gamine de 10 ans quand elle se met à pleurer - le seul moment où elle est dans le personnage c'est quand elle joue la maman, c'est prodigieusement naturel, Daniel Craig, lui, nous brise le coeur d'un simple regard.
Il est à la fois un hommage rendu à toute la saga, avec des scènes iconiques (cf. la balade envoiture en amoureux (ah le mariage de Bond), l'attente des "secours" dans le bateau de sauvetage jaune ; les plans caméra de l'île du méchant et son esthétique, etc) et des scènes d'action à couper le souffle ; et en même temps un renversement total de ce qu'à été cette saga. De un, le film commence sur un flash back dont la protagoniste n'est autre qu'une adolescente... A-t-on déjà vu un.e enfant dans un seul métrage de toute la saga ? J'ai presque cru que je m'étais trompée de salle. De 2, les femmes ne sont plus des objets sexuels ou scénaristiques, elles prennent des décisions, savent se défendre toutes seules, se détournent du charme de Bond pour ne pas dire qu'elles s'en tapent les ovaires (pourtant Daniel Graig, quelques rides en plus, est toujours aussi bien conservé...) pendant que lui ne les regarde plus comme de la viande,
et elle(s) élève(nt) un enfant seule aussi !
De 3, l'antagoniste a la volonté de dészinguer le monde entier et de... Ah non, ça ça n'a pas changé.
Je garde un bon souvenir de ce film. Certaines scènes d'actions sont à couper le souffle, notamment la toute première fois que James est contraint de reprendre du service alors qu'il a raccroché : un saut dans le vide, rien que ça ? Malgré ses défauts, il m'a touché en plein coeur.
Que je ne pourrai pas tous passer en revue...
Qu'est-ce que c'est que ce nouveau 007 ? Pourquoi avoir gaché le personnage en lui donnant cet air prétentieux et ce tempérament de compétitrice, au lieu d'en faire une humble agent qui serait au-dessus de tout ça. Cette rivalitée idiote autour "d'un simple chiffre" entre Nomie et James est ridicule, sans fondement, et n'a aucun sens si ce n'est de nous faire davantage aimer James ? Si les producteurs préparaient le terrain du nouvel agent 007 pour de prochains films, alors ils ont un peu manqué le coche. Néanmoins, Dieu merci, Nomie est un peu badass. On a quand même envie de savoir d'où elle vient.
Les antagonistes sont quasiment invisibles. Les hommes de mains de Spectres ne sont que des pions que James aligne les uns derrière les autres : une ou deux répliques au compteur et ils ont fait leur temps. Rami Malek a pas beaucoup plus de chance. Il joue le jeu et incarne parfaitement le personnage vengeur qui n'a plus rien à perdre. Mais quand il s'agit de motiver ses intentions, le back ground est vide... Finalement, l'arme du film, celle qui menace la planète, est plus effrayante que Blofeld et toute sa compagnie.
Spectre est réduite à néant en deux minutes, alors qu'elle avait causé bien des soucis aux services secrets britanniques pendant des décennies (cf. les 25 films de la saga). Mais vous comprennez, fallait bien qu'on tue tous les méchants, sinon c'était impossible de dire au revoir à James Bond.
Quoi qu'on en dise, j'ai aimé la fin. Si personne n'avait jamais pu s'identifier à cet ovni increuvable qu'est Bond, grâce à No Time to Die, c'est chose faite. Dans Casino Royal, la sensibilité de l'agent avait déjà été initiée, et notre coeur avait saigné autant que le sien à la fin tragique de sa relation avec Vespr (regretée Vespr, ma James Bond Girl préférée). Ici, je me suis sentie encore proche de James, et je ne suis pas sûre que la fin aurait aussi bien fonctionné s'il avait été en plein combat épique. Je regrette juste l'épilogue un peu rapide, il passe trop vite sur les événements de fin à mon goût. Pas le temps de pleurer qu'il faut déjà sourire... M'enfin, je pleurerai en rentrant chez moi, dans mon lit, tant pis.
Elle a pris son coeur et de battre il s'est arrêté. Ce n'est pas la guerre qui a tué James, c'est l'amour.
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Créée
le 1 déc. 2021
Critique lue 74 fois
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