Finalement, ce n'est pas la perte du matricule 007 au profit d'une actrice qui suscitera l'ire des fans de la saga. Au contraire, la rivalité qu'entretien Craig avec la nouvelle double 0 est à mon sens une réussite du film, plutôt drôle et valorisante pour les deux personnages. Autre point positif, outre des paysages magnifiques et des scènes d'actions de qualité, le retour de certains aspects rétros de la saga, notamment via la multiplication de gadget et l'humour kitsch nous rappellera les bonnes heures du Bond de Roger Moore. Pourtant, le déroulé de l'intrigue a vite calmé mes ardeurs au fur et à mesure que l'âme de la saga s'en échappe.
Finalement, les fans ont eu le nez creux.
S'il n'est pas remplacé, James Bond meurt dans ce film, physiquement, mais surtout symboliquement. Fini le séducteur solitaire, destructeur, alcoolique, mais intemporellement charismatique. Exit les flirts paradisiaques (même si rétrogrades, je veux bien l'entendre), bonjour l'agent secret père de famille, fidèle et protecteur, digne du plus beau puritanisme anglo-saxon. Un Bond fade, pasteurisé, désinfecté, normalisé. Comme si un double 0 avait besoin de trouver la rédemption...
Avec cet opus, c'est l'aura d'invincibilité du personnage qui est à jamais écornée. Le film passe son temps à lui rappeler qu'il n'est, finalement, pas si exceptionnel que ça. En tuant Bond, ce film trahit l'âme de la saga, fondée sur l'excessivité à toute épreuve du personnage, excessivité qui s'accompagne de son immortalité, intradiégétique, mais surtout symbolique et qui a fait le succès de ce héros mythique. Tuer le mythe est facile, mais en créer un autre ne le sera pas.
Avec ce film, j'ai bien peur que la saga Bond ait, elle aussi, perdu son immortalité. Non, ce n'était pas seulement un matricule.
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le 9 oct. 2021
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