L’histoire d’un homme dont le coeur n’avait pas terminé ce qu’il devait faire...

En Man Som Heter Ove, c’est l’histoire d’un vieux conquis s’apprête à lever le camp. Après une vie lors de laquelle il a connu des hauts et des bas, apprit à avoir des principes et à les défendre, connu l’injustice, le jeune cheminot devenu ingénieur s’est aussi transformé en vieux bougon du genre que l’on aimerait pas trouver sur son chemin.
Six mois après le décès de sa femme Sonja, roche du couple au grand coeur, Ove se réfugie dans la routine. Inspection générale du quartier (et rappel à l’ordre des criminels), boulot, cimetière, dodo. Mais lorsque la direction de son entreprise propose à Ove de changer d’air (ou de le renvoyer, selon la manière de voir les choses), s’en est trop pour Ove qui décide qu’il est grand temps de rejoindre sa femme.


Si l’on pourrait faire un film sur la vie de l’homme, difficile dirait on, de trouver matière à en faire un sur son suicide. Et pourtant.
Car les plans de l’homme se voient contre-carrés par une véritable conspiration. Impossible semble-t-il, de pouvoir se suicider tranquillement dans ce quartier. Spécialement depuis l’arrivée de ces nouveaux voisins. Et encore plus spécialement depuis que la voisine fraîchement débarquée à décidé d’expérimenter sur lui afin de lui rendre son humanité.


Plus qu’un film sur la tentative d’un homme de mettre fin à ses jours, En Man Som Peter Ove est un film sur la résurrection d’un mort vivant. Sur la façon dont la vie, de manière sournoise, peut s’infiltrer dans l’existence de la créature la plus triste et désespérée qui soit, même si la créature en question pense qu’elle lui a tout prit.


Certains diront qu’il est peut être un peu démago de faire un film pour montrer que la gentillesse l’emporte toujours sur la méchanceté, mais je dirais qu’il s’agit là de plus que cela. Il s’agit là de montrer que parfois la méchanceté en question n’est qu’un mécanisme de défense et qu’un peu de patience et de bonté peuvent en venir à bout, tout simplement en réduisant à néant les raisons d’être de ce mécanisme de défense.
Evidement, on a pas toujours ni l‘envie ni la patience de se lancer dans un tel combat. Evidement on a toujours déjà croisé un vieux con ou une vieille conne qui nous a donné envie de transformer nos yeux en mitraillettes. Est-ce mal ? Surtout que notre société tend de plus en plus à encourager l’individualisme et l’égoïsme. Je dirais que c’est humain. Mais cela ne doit pas être une fatalité et ce genre de film éclaire d’une jolie clarté le fait que ce genre de chose ne doit pas être une fatalité. Parfois une oreille attentive, un peu trop d’enthousiasme ou de bons sentiments suffisent à changer cela. Et parfois jouer la montre, ne pas se résigner, persévérer peut porter ses fruits. Pas toujours, mais de temps en temps. Est ce que cela ne vaut pas le coup ?


Mais un bon film, même s’il possède un bon scénario, n’est rien sans l’étincelle qui le fait prendre vie. Et ici, nous sommes face à trois étincelles.


La première est la réalisation et la manière dont l’histoire d’Ove sont mise en place. Quelques retour sur le passé, pleine de tendresse et d’émotion que procurent le souvenirs d’un homme qui fut heureux apportent au spectateur le background nécessaire pour comprendre ce qui a conduit Ove à en arriver là. Ca ce n’est pas simplement la mort de sa femme et son licenciement qui lui donnent des envies de suicide. C’est ce que représentait sa femme, l’image qu’il en avait, les choses qu’elle lui a apporté, la vie qu’elle lui a offert et qui semble à présent terminée. On ne sombre pas à cause du décès de quelqu’un, on sombre parce que tout ce qu’il était et apportait s’en va avec lui. On sombre à cause de tout ce qui nous est retiré par ce décès. Et pour comprendre ce qui a été retiré à Ove, ces souvenirs valent mieux que de longs discours.


Les deux autres étincelles sont les acteurs principaux.
Rolf Lasgaard en vieux grincheux ayant perdu le goût de la vie est admirable. Sans jamais tomber dans la bête caricature, il donne à son personnage des raisons de râler mais permet au spectateur de s’attacher à ce râleur. On a envie de l’apprécier et de lui donner une seconde chance parce que l’on voit sa douleur et l’on met de côté cet agacement que l’on éprouve généralement face à ce genre de personnes lorsque l’on est amené à les croiser. Et puis un héros devenu si con, on a envie d’en savoir plus et de creuser l’affaire non ?


En face, Bahar Pars en Parvaneh, petite bonne femme pleine de nerf et de détermination, parfait opposé d’Ove, équilibre parfaitement la partie. Ses ambitions sont claires dès le départ : s’entendre avec ce vieil homme grincheux et lui secouer les puces afin de lui faire reprendre le goût à la vie. Mais si du point de vu d’Ove elle peut être envahissante, le personnage n’est pas aussi excessif que l’on aurait put le craindre et Pars parvient à obtenir un juste milieu entre la femme compréhensive qui sait tenir ses distances en battant en retraite et la farouche guerrière prête à tout (même a expérimenter avec ses propres enfants) pour parvenir à ses fins.


On notera également une jolie performance de Ida Envol (non mais regardez moi ces yeux ! Et la douceur qu'elle donne à son personnage...) et Filip Berg (si touchant en grand timide) qui permettent aux souvenir d'Ove de gagner en émotion.


Grâce à ses acteurs, a sa réalisation et à un bon scénarios, En Man Som Heter Ove apporte son lot de sourires et d’émotions sans sombrer dans la guimauve ou en faire de trop. La trame principale du film est certes prévisible (on en a déjà vu des films où un misanthrope se voit guérir de sa maladie par un évènement extérieur nouveau et plein de fraîcheur), tout comme certains évènements, mais le spectateur prend du plaisir à observer les manoeuvres que cette étrange voisine déploie pour lutter contre les malheurs de la vie du héros.
Un très joli film plein de tendresse et d’espoir donc, qui donne envie de lire le livre et vaut bien un bon huit et qui bénéficie d’un point bonus pour m’avoir vraiment touché.

Créée

le 14 sept. 2017

Critique lue 190 fois

Gaby Aisthé

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