Qu'aurait pensé Virginia Woolf de cette adaptation édulcorée de son roman éponyme ? Certainement, rien de bon. À se demander même si elle l'aurait cautionnée... expliquons-nous.
Tout d'abord en ce qui concerne la technique narrative du roman, influencée par les romanciers avant-gardistes de l'époque comme James Joyce, W. Faulkner ou M. Proust, basée sur la déconstruction du temps et de la mémoire à travers les formes du monologue intérieur et surtout des analepses, il faut avouer que la réalisatrice Marleen Gorris ne retrouve jamais cet élan moderne qui avait pourtant distingué ces illustres écrivains. Peut-on pour autant affirmer que la cinéaste faillit à sa tâche ? Nous ne le croyons pas car sa volonté première (et celle des producteurs sûrement) consistait à vulgariser l’œuvre dont elle s'inspire, à la rendre accessible à un large public.
Ce public a donc pu apprécier les réflexions creuses (parfois pathétiques et ridicules), les dialogues vains, le sentimentalisme barbant de ce qui ressemble à s'y méprendre à un téléfilm : caméra sans aucune profondeur esthétique, musique caricaturale tout comme le jeu des acteurs, intensément faible.
Que nous reste-t-il finalement de Woolf, si ce n'est le nom au générique ? Guère plus qu'il faille ajouter.