Dans une façon qui rappelle James Ivory, autant par le style que par le décor et la peinture de l'aristocratie anglaise fin et début de siècle, Marleen Gorris, adaptant Virginia Woolf, évoque le choix déterminant que fit une jeune fille de la haute société. 40 ans plus tard, au moment où elle elle s'apprête à revoir ses amis de jeunesse, Clarissa se souvient.
Cette réflexion sur la direction que chacun donne à sa vie -ainsi Clarissa, qui fit le choix du bourgeois Dalloway au détriment de l'aventure avec Peter- s'accompagne d'une critique sociale, celle de l'aristocratie, donc, immobiliste et superficielle, figée dans la satisfaction d'elle-même. Entre le moment où on découvre ces bourgeois jeunes et celui où on les retrouve vieillis, suivant une mise en scène par flashback, rien ne semble avoir été modifié, pas même par la sanglante guerre de 14-18, et surtout pas leurs jugements ou leurs moeurs, dont Gooris souligne la vacuité en leur opposant, dans un récit parallèle et indépendant, le traumatisme d'un soldat revenu du front.
La dernière partie du film, dans le salon de Clarissa Dalloway, est la plus explicite et la plus émouvante, car Clarissa
y revoit son cher Peter.
Cette réunion très aristocratique prend les accents proustiens du "Temps retrouvé". Pour ma part, j'ai trouvé ce portrait moins chaleureux, moins original que cet autre portrait de femme de Marleen Gorris dans " Antonia et ses filles".