On a beau lire tous les livres d'histoire (et il faut en lire, pour la précision des faits, et ne pas se laisser embarquer complètement par le parti pris de l'artiste), l'oeuvre qui vous transpose dans une réalité historique pour nous la faire vivre à partir de points de vue de personnages condamnés à y surnager tant bien que mal, est, quand elle est réussie, celle qui vous fait toucher du doigt ce que l'histoire a voulu décrire de la façon la plus objective possible.
Mudbound est de ces films, particulièrement réussi par sa mise en scène, par l'histoire proposée, et par la dénonciation, accablante en l'occurrence, mais restant subtile malgré tout.
Dans le Mississipi, une famille de noirs et une famille de blancs, contraints par les accidents de la vie ou par leur extraction de misère (issue de l'esclavage) à exploiter la même terre, se retrouvent opposés et liés à la fois par un destin commun.
L'opposition ultime, au-delà du racisme ordinaire de la famille blanche, viendra du grand-père blanc, animateur du KKK local.
La lumière surgira pourtant de ceux qui reviennent alors de la 2nde guerre mondiale, chacun dans leur famille, et vivant mal cette misère crasse et cette haine ancestrale.
En dépit de cette volonté de décrire sans fards la réalité de ce milieu, de cette époque, Dee Rees, la réalisatrice, nous emporte dans une histoire avec un souffle romanesque très enlevé, et au final, nous accordera un peu d'espoir, mais si ce sera dans l'ailleurs.