Les occasions du lion
Le masqué devrait parfois réfléchir avant d'acheter une place de cinéma.Parce que Mufasa : Le Roi Lion, au début, cela ne lui disait trop rien. Car il avait peur de se retrouver avec un préquel...
le 19 déc. 2024
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Et en même temps, je ne m'attendais pas nécessairement à ce que quelque chose de bien ressorte de cette idée, mais une part de moi avait tout de même l'espoir de retrouver un peu de cette magie que les studios Disney ont perdu, pour moi, depuis quelques années déjà. Sauf que c'est un nouvel échec.
Pour rappel, je suis une fan inconditionnelle du Roi Lion, premier du nom. J'ai grandi avec, j'ai poncé la cassette, j'ai toutes les autres versions sorties ensuite, je connais la musique (orchestrale et chantée) par coeur et je collectionne tout un tas de bricoles liées à cet univers. Et je fais partie de ces personnes qui sont extrêmement critiques avec ce que les producteurs et réalisateurs en ont fait ou en font ensuite (j'aime beaucoup le Roi Lion 2, je trouve le 3 inintéressant et le remake de 2019 est à chier).
Ayant donc détesté mon expérience face au copié-collé de 2019, beaucoup trop bavard, je suis allée voir Mufasa à reculons. Et j'ai envie de dire qu'heureusement que j'ai payé ma place uniquement 4 €, sinon j'aurais demandé un remboursement.
Soyons honnête, le seul point positif de ce film, c'est la technique. Mufasa est une bombe esthétique, avec un soin énorme apporté tant aux lions qu'aux décors. C'est beau, on en prend plein les mirettes (même si je doute qu'on trouve de tels paysages dans cette partie-là de l'Afrique), mais c'est tout. Mufasa est un clip promotionnel de 1h59.
Parce que, que ce soit en termes de scénario, de gestion des personnages, du rythme ou de la bande son, tout est à mettre à la benne.
Pour l'histoire. Bon, déjà, si vous avez grandi dans le fandom du 1er Roi Lion et que vous aviez quelques connaissances sur l'éventuel passé des deux frangins (passé dont j'ignore s'il était canon à une époque ou si c'était toujours resté du domaine du fanon, mais adopté par toute la communauté), eh bien, vous pouvez tout bazarder. Hormis le nom d'origine de Scar, Taka, tout le reste a disparu. Point de Uru, point de Ahadi, point de véritables frères dont l'un est glorifié pendant que l'autre est rejeté ; ici, on est plus sur le schéma de l'enfant prodige, adopté, qui surpasse celui, naturel, d'un couple royal. Aucun de ces scénario n'étaient sensationnels, on ne va pas se mentir, mais celui choisi pour ce film amène tout de même quelques incohérences
(pourquoi Mufasa évoque-t-il avec Simba "les grands rois du passé [qui les] contemplent" depuis les étoiles... alors qu'il n'est absolument pas de sang royal et qu'il n'a pas grandi là où se trouve le rocher des lions ?).
Concernant les personnages, on est soit sur du cliché pur jus, soit sur de l'inutile dont on se serait bien passé (oui, je parle de vous : Timon et Pumbaa !). Mufasa est d'entrée de jeu montré comme étant le lion "plus rapide que tous les autres", qui est gentil, modeste, courageux et brillant ; alors que Taka est immédiatement présenté comme le fils à papa, pleutre, fade, incapable et un brin machiavélique (puisqu'il ne dit pas tout de suite à Mufasa que des crocodiles l'ont pris pour cible). Et idiot aussi, puisque sa subtile intelligence s'est fait la malle entre-temps. A partir de là, pas très difficile de deviner la suite.
Zazu ne sert à rien, Rafiki sert essentiellement de narrateur et de guide (vite fait puisqu'ils vont globalement en ligne droite) et Sarabi ne sert qu'à mettre le boxon (dans tous les sens du terme). Kiara, qui écoute l'histoire de son grand-père, est là pour faire la passerelle avec le jeune public. Quant au duo Timon et Pumbaa, il est là pour... crisper les spectateurs. Sérieusement. Autant je les adore dans le Roi Lion 1, autant là, ils sont tout bonnement insupportables. Ils interrompent Rafiki en permanence pour balancer des lignes de texte stupides et ils brisent sans arrêt le 4ème mur (ce qui est contre-productif à souhait pour l'immersion). Le film se serait mieux porté sans eux, clairement.
Quant à l'antagoniste, Kiros, un lion... blanc doublé en VO par Madds Mikkelsen quand tout le reste du casting félinesque est composé de personnes de couleur ; je pense qu'on a compris le message, amis américains. (Arrêtez de nous bassiner les esgourdes avec dorénavant, ça nous fera des vacances !) Bref, je disais, Kiros aurait pu faire un bon méchant... s'il ne s'était pas mis à pousser la chansonnette en franglais. Dès que je l'ai entendu lancer ses "bye bye" à Mufasa, il a dégringolé l'échelle du charisme à la vitesse de la lumière. De un, plus personne ne dit ça en 2024. De deux, on est en France, parle en français. De trois, c'est ridicule.
Pour le rythme, on est sur une histoire qui se joue à travers le récit de Rafiki à Kiara. Nous avons donc des aperçus du passé entrecoupés de passages dans le présent pour avoir les réactions de la petite (et les interventions débiles susmentionnées). De fait, on est sur un rythme très haché, avec pas mal d'ellipses temporelles. Je pense que j'aurais préféré un film uniquement centré sur l'histoire de Mufasa, sans bonds dans l'espace temps. On aurait sûrement gagné en fluidité.
Et enfin, la bande son. Que dire à part que ça ne m'a pas plu ? D'un côté, on a Dave Metzger qui repompe largement les musiques orchestrales d'Hans Zimmer, en changeant juste deux-trois trucs, et qui les collent dans les moments charnières du film (pour le dépaysement, on repassera). Et de l'autre, on a Lin-Manuel Miranda qui, encore une fois, ne me convainc pas. Ses chansons sont trop longues, trop bavardes, oubliables (sauf "Bye bye", mais pas pour les bonnes raisons). Si on a si bien retenu les chansons de notre enfance, c'est parce qu'entre deux refrains, les phrases étaient courtes, rythmées et ne parlaient pas de trucs qu'on savait déjà ou qu'on avait compris. Là, à nouveau, les personnages raconte leur vie pendant des plombes, sur un ton monocorde, avec une seule ligne de texte en guise de refrain. On s'ennuie (pour être polie) et on oublie aussitôt.
Et puis, bon, on ne va pas se mentir que le souci majeur d'une préquelle, c'est qu'on connaît déjà le futur et que, par conséquence, peu importe ce qui peut bien arriver aux personnages, on sait qu'ils vont s'en sortir sans une seule égratignure (ou presque). Donc, en termes de suspens, on est au niveau zéro de l'émotion.
En conclusion : on sait ce qui va se passer dès l'ouverture du film, les persos sont plats ou pénibles, la bande originale est sans intérêt, on s'ennuie tout du long, mais c'est beau.
Donc chapeau bas aux animateurs. Pour les autres, retournez à l'école pour rattraper les cours que vous avez loupés.
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Créée
le 28 déc. 2024
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