Sauvé par le gong du juge.
Contrairement à ce que le titre laisse penser, il n'est pas question d'un énième biopic sur Muhammad Ali. Non ; c'est plus particulièrement un épisode controversé de sa vie où il a refusé de partir faire la guerre du Vietnam, laissant les juges de la Cour Suprême décider de son sort si il sera suspendu ou si il ira en prison. La religion a aussi une place importante car c'est aussi le moment où Ali avait décidé de se convertir à l'Islam (changeant ainsi de nom).
Stephen Frears a fait le choix d'un film (ou, devrais-je dire un téléfilm, vu qu'il a été diffusé sur HBO) se déroulant quasiment uniquement dans les travées de cette cour, entre les partisans et les détracteurs d'Ali. De ce point de vue-là, c'est assez proche de films de procès de Sidney Lumet où il est surtout question d'argumentations, de jeux de discours, et tout cela avec un excellent casting.
On a rien de moins que Christopher Plummer, Frank Langella, Ed Begley Jr (dont son père joua dans 12 hommes en colère), Peter Gerety, Danny Glover et même un jeune comme Benjamin Walker (Abraham Lincoln chasseur de vampires !) y est très bien !
Il est dommage que les femmes soient si peu présentes, exceptée la secrétaire de Christopher Plummer et une très belle scène où déjà atteint d'un cancer, ce dernier rentre chez lui le soir et voit sa femme errer dans la rue en peignoir, certainement les premiers signes d’Alzheimer.
Quant à Muhammad Ali, il n'est pas présent physiquement dans le film, mais on le voit fréquemment via des images d'archives sur sa situation dite de renégat à un système.
Ce sujet n'aurait probablement pas pu trouver de financements au cinéma, car il est surtout question de dialogues, de rhétoriques, d'argumentations, même si ils sont brillants. Et c'est aussi, je me répète, l'occasion de voir ces superbes acteurs, dont Christopher Plummer, dont la malice a du mal à cacher la maladie qui progresse.
Le film est aussi une métaphore d'un combat de boxe, avec le combattant qui tombe à terre, frappe, et fait mouche au cours d'une longue bataille, et c'est ainsi que se clôt cette histoire, avec la réhabilitation de Muhammad Ali, et une dernière archive où il gagne contre George Foreman en 1974. C'est aussi la réussite de Greatest fight.