Ayant trouvé ce film par hasard en écoutant des génériques de dessins animés, je me suis dit... Pourquoi pas ? Je me suis donc renseigné un peu et j'ai découverts quelques choses qui ne gênaient pas les musulmans que je connais, beaucoup n'aiment pas le nom Mahomet. Et ouais c'est un concept français, on traduit tout : Guillaume Tell, Jésus, Londres... Dealons with it, si j'ose dire ! Bon je ne vais pas m'attarder sur le reste. Je suis juste ici pour juger ce film !
Ce DA à moyen budget commence donc avec un couple qui marche joyeusement dans les rues de La Mecque. Déjà mes oreilles m'envoient des signaux d'alerte : les doublages français sont mauvais, voire très mauvais, ce qui enlève du charisme à de nombreuses scènes. Le père, qui aide un pauvre, explique à sa fille comment c'était la Mecque avant l'islamisation des lieux. On assiste donc à une scène avec tous les poncifs qu'on pouvait imaginer ou presque (prêteur revanchard, esclavagiste, devin, diseuse de bonne aventure, idoles partout et dons qui ne vont pas dans la poche des dieux), et un conseil entre quelques vieux et moins vieux parlent du potentiel danger Mohammad (ou med, selon les doubleurs le nom change). On voit alors la première apparition de Mahomet et sa rencontre avec l'ange Gabriel (dans le film représenté par une lumière). On découvre alors que Mahomet sera en vue à la première personne, et que le narrateur parlera pour lui (ce qui revient plus ou moins à la doubler, mais bon...). Je trouve qu'un procédé dit à "la tunique vue de dos" (ils ont utilisé ce procédé pour ce qui semble être la personnification du mal), ou l'utilisation du "contre-champ" aurait été préférable (voire le montrer totalement, mais je pense qu'alors ce film n'aurait jamais vu le jour :3), mais bon, je laisse les gens seuls juges ! Le narrateur, lorsqu'il parle de Mahomet, emploie toujours une expression genre "Paix et Salut sur Lui' dès qu'il prononce son nom. C'est sympathique, mais au bout de la vingtième fois, ça commence sérieusement à devenir crispant, surtout quand c'est prononcé trois fois dans une phrase (et pour le profane, ça fait vraiment penser à un automatisme, genre un chrétien qui dira amen juste parce qu'il a entendu quelqu'un d'autre le dire. D'un point de vue spirituel, on a vu plus enthousiasmant), et la qualité du doublage n'aide pas franchement à supporter la chose. Le film continue avec la conversion des premiers musulmans et les méchants (une partie des Quraychites) commencent à comploter, les doubleurs cabotinant à mort (les méchants ont une voix de méchant, toute nasillarde bien comme il faut). On s'aperçoit alors que Mahomet n'est pas le seul à ne pas être montré, et Abu Bakr est juste cité, envoyant ses serviteurs parler à sa place. Arrive alors Hamza, un oncle de Mahomet, qui intervient également en vue subjective. Sauf que le concernant, on entend sa voix, et son arc traverse une partie de l'écran, donnant un aspect furieusement FPS à l'ensemble ! Suite à un affront essuyé par son neveu, Hamza le venge et va chez lui pour se convertir. Comment montrer la rencontre entre deux personnages qui ne s'exprime qu'au travers des regards des autres, me direz-vous ? Et bien, préparez-vous à vous esclaffer (ou à vous facepalmer, c'est selon) devant une superbe scène où un arc parle à un mur ! Viennent ensuite les deux premiers martyrs, qui meurent avec une musique épique, la caméra s'éloignant du sol pour dépasser les nuages, sans doute pour montrer aux p'tits que lorsque tu meurs pour ta foi, tu vas de base au paradis ! Des musulmans s'enfuient dans un royaume voisin, l'Abyssinie, où le roi est chrétien ! Ce qui donne lui à une zoulie scène (quand les mecquois tentent de corrompre le roi pour récupérer les musulmans) où les monothéistes sont tous pareils, le monde est beau et que ça vaut l'coup d'être le roi ! Les méchants pas beaux décident donc de mettre les musulmans qui sont restés en dehors de la société, pour les tuer à petit feu. Le terme "boycotter" est alors employé une trentaine de fois, et sonne assez faux dans la "reconstitution". Mahomet réussi suite à un miracle à faire stopper la mise en quarantaine, de nouveau le thème du film (sympathique, force est de le reconnaitre), sa femme meurt (il n'est pas précisé dans le reste du film qu'il va se remarier à plusieurs reprises). Un type arrive et demande à ce que Mahomet vienne pour stopper la guerre civile qui a lieu chez lui. Le moment où l'homme parle au prophète en le regardant droit dans les yeux (donc la caméra), donne l'impression plus ou moins fugace d'assister à un mélange entre Dora l'exploratrice et les vieux jeu d'aventure genre Versailles. Le peuple part d'abord en silence, laissant Mahomet derrière, le mal arrive pour dire aux méchants de frapper en même temps Mahomet afin que le sang soit sur les mains de tous. Les assassins l'attendent, l'attendent, s'endorment. Mahomet en profite pour s'enfuir. Vient ensuite la fameuse scène où il se cache dans une grotte bientôt bloquée par une toile d'araignée, construit la première mosquée et demande le premier appel à la prière ! Rien de particulier à noter.
Les méchants volent les affaires des gentils pendant qu'ils sont partis, et on arrive à la deuxième partie du film : celle où Mahomet devient un chef de guerre ! Cette partie-là n'est pas occultée, on voit Mahomet tuer (enfin on voit l'épée qui plante l'autre gars, toujours en vision FPS, on pourrait presque ajouter les commentaires à la UT). Rien à dire de franchement cocasse si on connait l'histoire. Ce n'est pas extraordinaire, c'est flou (pour cacher la faiblesse des animations, probablement) et ça se vit correctement (Hamza se prenant une lance dans le ventre en vue subjective, ça en jette presque). La bataille de la Tranchée est rapidement expédiée (on s'attarde quelques instants sur la tempête, mais c'est assez mal monté/dirigé, sans doute le manque de moyens), et Mahomet s'en retourne à la Mecque avec 10 000 potes en vadrouille (qu'on ne voit pas). Les méchants se convertissent, ayant reconnu en Mahomet le messager (et sans doute également parce qu'ils avaient un peu la pétoche), et perdent au passage leur voix de méchant. Le film se termine sur le narrateur et sa p'tite famille, sa fille faisant preuve de bonté, toussah. Bref tout va bien la vie est belle, le monde est merveilleux !
Pour conclure, c'est un DA un peu cheap, à ranger dans la catégorie "propagande" (Le Prince d'Égypte n'en est pas un, pour comparer en restant dans le domaine religieux, Joseph le roi des rêves, lui, rentre davantage dans cette catégorie). On sait tout de suite à qui il s'adresse (les jeunes musulmans qui veulent en savoir plus sur l'origine de leur religion), et c'est peut-être un peu dommage. A quand un film sur Mahomet qui montrera de manière "neutre" les choses ?