Enfin, depuis le temps qu'on attendait ce septième tome, le désespoir faisait rage et ça s’étripait sec dans les chaumières ! Le film était chouette, mais pas ultime, et ne donnait aucune réponse à toutes les interrogations laissées en place par le sixième tome.
Ce septième ouvrage se déroule visiblement une petite paire d'années avant ce dernier, et prend, comme le deuxième tome avant lui, quasi intégralement place à Mortebouse, village au capacités réseaux damnées à jamais. L'évolution surprenante des personnages prends ici tout son sens, puisque la BD prend le temps d'expliquer les doutes et les interrogations de chacun, ou presque.
Oui, je vais jeter un pavay dans la mare dès maintenant, mais l'évolution de Marie-Emilie (qui m'a donné l'idée du jeu de mot foireux en titre), si elle est légitime, sort du cadre de la BD à mon goût. Si on aime Lou, c'est pour la complexité des relations, les doutes qui s'emparent de chacun des personnages. C'est ça qui m'a aussi fait apprécier "Les autres gens" (une série de BD que je vous conseille un peu, faut aimer les histoires d'amours et de relations compliquées quoi), qui rend réalistes toutes les relations, homosexuelles ou non ! Et là, bah... Contrairement à tout ce qui s'est fait dans Lou jusqu'à présent, c'est trop lisse, trop rapide. L'auteur insiste en maintenant des petites bulles de dialogues dans le coin des cases pour faire avancer l'histoire des deux jeunes filles, et tout le monde accepte, tout le monde il est beau... C'est tellement, bah, je reprend le mot, mais lisse. On sent que Julien Neel voulait actualiser les relations possibles pour les coller au monde d'aujourd'hui, mais du coup, ça ne fait vraiment pas naturel pour un sou, comme s'il ne s'était pas senti légitime d'aller plus loin. Et j'ai ressenti la même chose avec Manolo et Preston (et que ça m'a fait plaisir de revoir leurs bouilles, loin du jeu d'acteur des jeunes du film ("Ah non, t'avais pas dit ça !" :-p)), à qui on pose une romance toute aussi lisse, et hop, emballé c'est pesé, les deux perso sont casés, bonheur idyllique digne d'une carte postale (thème récurant dans ce tome).
Quoiqu'il en soit, les dessins sont de nouveaux au top (même si perso, la mâchoire de Paul me paraissait trop carrée), et j'aime beaucoup l'aspect "matière" qu'il y a derrière les couleurs, qui sont quasiment toujours dans l'aspect jaunâtre de la couverture (après le violet du sixième... Le vert foncé pour le huitième ?) et les situations dues aux personnages sont croustillantes à nouveau, mention spéciale à Fifrelin ! J'ai été un peu moins emballé par la grosse fête finale, qui s'étale sur un peu trop de pages à mon goût. Vous voyez un peu le genre de visuel étourdissant qu'offraient l'image du Lou dans son cimetière des autobus, ou bien le baiser épique de Henri et de sa femme dans la piscine ? Ben là, l'auteur nous en offre plusieurs à l'affilé, et, mais là, c'est personnel, je trouve que ça en atténue l'impact et que ça gâche un peu l'effet, j'avais moins envie de m'attarder sur les images pour les décortiquer.
D'ailleurs, je parlais du film plus tôt, et la copine de Marie-Emilie (ou son maquillage) devient, détail sympa, le clin d'oeil du septième tome au film (ou le contraire). Du coup, il me tarde de voir quel œuf caché Julien Neel mettra dans son huitième tome pour faire allusion au film !
Oui, parce que j'ai aimé ce tome, et j'attends, de fait, le huitième. :3 Merci Julien !