"Hey, mec, il y a une scène de sexe de dingue dans ce film, tu devrais le regarder, ça va te plaire!"
C'est comme ça qu'on m'a présenté Mulholland Drive. Sans rire. Et c'est pour ça que je l'ai regardé, gros pervers que je suis.
Il me parait important en préambule de vous annoncer que c'est mon film préféré. Mais, genre, ever quoi. Vraiment. Alors ne vous attendez pas à de la demi-mesure dans cette critique!
Ouais, Mulholland Drive est un chef d’œuvre. Un véritable chef d’œuvre. Et cela tient à plusieurs choses. Alors bien sur, les acteurs (actrices plutôt) sont très bons (même si certains semblent un peu cabotiner, mais c'est largement voulu et je ne serais pas surpris que ce soit les conseils de Lynch lui même), la musique rend le film ultra sombre et oppressant et reste entêtante et la réalisation est sublime. Mais sublime hein. J'ai rarement vu un tel niveau de perfection.
Mais ce ne sont pas les points forts du film. Non, deux autres choses prédominent: tout d'abord l'ambiance. C'est l'une des premières fois où je me sentais happé pour un film à ce point. C'est d'ailleurs pourquoi je conseille, voire je recommande à tout prix, de regarder ce film dans les meilleures conditions possibles. Dans le noir, sans son portable, avec un casque audio de qualité, sur un bel écran, seul. Ni plus ni moins. Vraiment. Parce que ça va changer votre perception, et surtout, surtout, parce que ce film est sensoriel. Vous en verrez d'autres après, ce n'est pas le seul, mais c'est, selon moi, la quintessence du film sensoriel.
Pour preuve, je l'ai vu deux fois, à deux jours d’intervalle, alors que je n'avais strictement rien compris. Mais il était dans ma tête, il me hantait. Et je voulais m'immerger dedans à nouveau.
Parce que c'est une véritable immersion. Et peu sont les films proposant cette forme de cinéma si particulière.
Sans transition, cela m’amène au deuxième point crucial: le scénario. Alors oui, on ne comprend rien, tout du moins la première fois. Comme l'impression d'atterrir dans un monde aux lois et perceptions différentes du notre. On est perdu. Et je pense sincèrement que ce sentiment renforce le coté immersif et sensoriel du film.
C'est un gigantesque puzzle. Voilà ce qu'est Mulholland Drive. Mais un vrai puzzle hein, avec ses clés, ses énigmes et ses pièces à remettre dans l'ordre. Et pour peu que l'on se penche dessus, il est impossible de ne pas crier au génie. Tout est calculé et parfaitement prévue. C'est même assez marrant de voir à quel point tout est carré et maitrisé dans ce flou général. Du chaos ordonné, voilà ce qu'est le film de David Lynch. Un superbe chaos ordonné.
Mais est-ce pour cela que c'est mon film préféré? Et bien, en parti, mais pas seulement. Alors, oui, c'est un excellent film (il avait été élu meilleur film des années 2000 par un journal à Los Angeles si je ne m'abuse. Bon sang, même pas vraiment capable de se renseigner sur son film préféré, quelle dissidence...) mais c'est surtout à ce moment là que je me suis rendu compte que le cinéma c'était autre chose que les explosion de Michael Bay et les pitreries d'Emmerich. Oui, j'avais déjà vu de bons films comme Gladiator par exemple, mais je n'avais jamais trouvé ce souffle, cette énergie et surtout cette personnalité insufflé au film. Et c'est avec Mulholland Drive que j'ai découvert que le cinéma, c'était autre chose. Que certains réalisateurs avaient un vrai univers, quelque chose de viscérale et de visible à l'écran. Et c'est ça qui me plait. Les univers marqués, la patte du réalisateur.
Et ça a été le début d'une belle histoire. Une très belle histoire...