Avis aux lecteurs, je précise que cette critique contient des spoilers.
Me voilà plus que mitigé au regard de ce soit disant chef-d'oeuvre du 7ème Art. La première réaction qui m'a frappé se situe finalement à contre-courant de ce que le film suppose. J'entends par là que l'histoire prétendument complexe m'est apparue clairement de manière quasi instantanée. Tout du moins dans ses grandes lignes, avec cette idée de film scindé en deux : la première partie constituant le rêve de Naomi Watts et la seconde, le brutal retour à la réalité. Mais voilà, à mon sens la première partie est excessivement et inutilement trop lente et assez ennuyeuse. Il ne faut pas se mentir, il ne se passe rien, « l’enquête » des deux femmes patine dans la semoule pour donner lieu à des scènes qu’on peut qualifier de "remplissage", comme bien souvent chez notre ami David.
Ensuite, le gros problème, immuable à Lynch, c’est de proposer des histoires extrêmement simples, pour ne pas dire simplistes (Lost Highway et celui-ci en sont les exemples flagrants) qu’il raconte de manière très complexe dans le seul et unique but de nous perdre. Alors évidemment d’un point de vue narratif, oui c’est intéressant, mais je trouve quand même cette démarche très prétentieuse et malhonnête. Surtout quand on connaît la réputation "hype" que le bonhomme se plaît à cultiver. D’autant qu’au final, lorsque le puzzle de ses films apparaît plus ou moins clairement, on ne peut que se dire en soupirant : « tout ça pour ça ! ».
Avec Mulholland Drive, impossible d’enlever de ma tête le simplisme et la prétention de cette histoire qui tourne en rond et qui aurait pu largement tenir sur 1h30 au lieu de 2h30.
Autre élément vraiment très discutable - et pour le coup pas des moindres puisqu’il s’agit du ressort scénaristique du film (et même plus généralement de toute la filmographie de Lynch), c’est cette idée qu’une partie du film soit complètement rêvée. J’entends partout tout le monde s'esclaffer que c’est idée est génialissime... Whaaaaat ? Sérieusement, c’est un des ressorts scénaristiques les moins crédibles, sans doute l’un des plus éculés des élèves en première année d’école de cinéma ! Wake up ! C’est une astuce fumeuse, le genre de twist assez bas de gamme qu’on retrouve tout au plus dans les soap opéra.
Et pour cause, Lynch n'a rien inventé et le plus emblématique exemple ne date pas d’hier. Pour ça il faut remonter aux années 80 et à un désormais mythique épisode de la série Dallas : Patrick Duffy (qui joue le gentil frère Bobby Ewing) souhaitait quitter la série pour d'autres horizons. Les scénaristes ont donc décidé de tuer le personnage dans un épisode clé. Problème : les projets de l’acteur ne fonctionnent pas comme prévu et il souhaite réintégrer la série, un an après la mort du personnage culte. Twist exceptionnellement improbable, ridicule et pourtant rentré dans les annales : les scénaristes imaginent la saison de la fameuse mort entièrement rêvée par un autre personnage, faisant fit de toutes les péripéties misent en place pendant une vingtaine d’épisodes et par conséquent pendant un an ! C’est tellement facile, tellement gros, s'en est devenu un cliché ultime. Et j'ai le sentiment que cette démarche, ces astuces de seconde zone sont quasiment les uniques ressorts des films de Lynch. Pire, ce côté "soap opéra" ne m’est pas seulement apparu uniquement dans le scénario, mais aussi dans certains décors (notamment la chambre du couple vedette, qu’on croirait sorti d’un plateau des Feux de l’amour) mais aussi dans le choix de certains acteurs (l’actrice Laura Harring qui interprète Rita, issue du médiocre soap Sunset Beach)...
Qu’il s’agisse de toutes les niaiseries présentent dans "Blue Velvet", de l’ambiance et des ressorts scénaristiques éculés de Mulholland Drive, du kitch grossier de "Dune", du très caricatural Inland Empire, j’ai enfin trouvé comment qualifier la vision de Lynch : un soap opéra à échelle cinématographique.