David Lynch ! Je pense qu'il fait parti de ces réalisateurs avec un style tellement reconnaissable que son nom est devenu littéralement du néologisme. Mon rapport avec Lynch était assez singulier pour ne pas dire trop inexistant. Je n'ai pas eu le temps de voir la version restaurée d' Eraserhead, je connais la série Twin Peaks mais pas assez pour en faire une critique et le seul film que je connais parfaitement bien du réalisateur est paradoxalement le moins lynchien de sa filmographie à savoir Une histoire Vraie avec Richard Farnsworth (vous savez, le sherif de Misery de Rob Reiner). Du coup, à ma vision de Mulholland Drive, autant dire que je n'étais pas prêt (et encore, ce n'est rien comparé à Lost Highway que j'ai vu juste après). Bien évidemment, il y a des choses à dire.
Une ambiance télévisuelle... qui monte crescendo
C'est la première chose qui m'a frappé. L'ambiance du film est très télévisuelle... durant la première partie. Quand, j'ai vu le film c'est ce qui m'a frappé. Même le film une histoire vraie avait cette ambiance. Avec le caché pas franchement innovant et ses champs/contre-champs peu inspirés, on voit bien que pendant une moitié du film, on était dans un téléfilm. D'ailleurs, le sentiment que j'avais au début n'étais pas hors de propos car à l'origine, le film devait être l'épisode pilote d'une série avortée. Mais suite au rejet des responsables télévisuels, David Lynch a décidé d'en faire un long métrage. Cependant, là où le film prend toute sa dimension, est dans sa deuxième partie. En effet, malgré l'aspect très factuel, David Lynch exploite bien plus les divers outils de narration afin de perdre le spectateur et le dérouter. Ce n'est pas aussi prononcé que dans Lost Highway mais c'est visible. Seulement, il y a une chose auquel il faut s'accorder, ce sont les indices visuels qui permettent de comprendre certains mécanismes du récit (comme la figure de la boite bleue, la symbolique de la perruque blonde, les couleurs de robes etc...). Il y a aussi la distorsion de la réalité qui essaye de confondre le réel et l'irréel. Et c'est mon gros problème du film : les mécanismes sont trop simples voir trop gros. Autant, dans la première partie, elles se font plus discrètes (mise à part le gros jump-scare au début), mais dès la 2e partie, si les outils de narrations sont bien gérées, elle commencent à devenir trop grosses. Quant aux personnages, il y a aussi des choses à dire.
Apparences trompeuses
Tout d'abord, on va parler du tandem Betty Elms et Rita (Naomi Watts et Laura Harring). Déjà on va passer sur le faite qu'elles se lient bien trop facilement au début car quand on a vu le film on comprend pourquoi. Je trouve qu'elles forment une bonne alchimie que le twist n'abîme pas du tout. Leur relation idéalisée à la même force que leur véritable rapport. Betty veut aider Rita à se souvenir de son passé et sans spoiler, il y a anguille sous roche.
Adam Kesher (Justin Theroux) est un personnage dont je ne comprenais pas son utilité au début du film, tant sa sous-intrigue était dispensable à tous les niveaux. C'est juste un réal raté et pressé par les producteurs véreux. On aurait dit un set-insert de Lynch tant les 2 hommes sont similaires.Adam Kesher (Justin Theroux) est un personnage dont je ne comprenais pas son utilité au début du film, tant sa sous-intrigue était dispensable à tous les niveaux. C'est juste un réal raté et pressé par les producteurs véreux. On aurait dit un set-insert de Lynch tant les 2 hommes sont similaires. Pas dans le style réal raté...
Les autres personnages sont quand même très secondaires, mais bien utilisés. On a le personnage du le rêveur du "Winkie's" (Patrick Fischler qui apparaît dans plusieurs films comme Ave César ! et Under The Silver Lake) qui est quand même un point de départ intéressant pour entrer dans l'univers barré. Les autres sont très fonctionnels car tout est concentré sur nos 2 héroïnes et Adam Kesher. L'une étant une actrice qui entre semble-t-il dans le milieu du cinéma et l'autre étant déjà dans le milieu mais qui en voit le contre coup.
Mindfuck ?
Déjà, que dire de l'histoire. Je vais dire tout de suite. J'approuve à 100% ceux qui détestent ce film parce que personne à part le réalisateur sait de quoi parle vraiment du film. De base il aurait du être le pilote d'une série à la Twin Peaks. Cependant, à cause de divergence avec les producteurs (et oui encore), David Lynch a bricolé un long métrage à la dernière minute. C'est peut-être en partie pour ça que beaucoup considèrent bien plus Lost Highway comme étant mieux que Mulholland Drive. Attention, ce que je viens de dire est de la pure théorie. Lost Highway est certes mieux mais encore plus déroutant que Mulholland Drive. Mais malgré ce bricolage, le film arrive à se tenir et on suit bien l'histoire qui de base avait vraiment l'apparence d'un téléfilm. Au fur et à mesure qu'on connaît toutes les ficelles, le réalisateur tort un peu l'histoire pour aller dans une toute autre direction. La rupture pour beaucoup seraient au moment où Betty et Rita sont dans le théâtre. Je pense que la rupture a lieu bien avant
au moment où elles découvrent le cadavre dans le motel
C'est à ce moment que leurs relations changent vraiment de tout à tout. D'inconnues, elles forment un couple et sont bien plus proches. Du coup, le mindfuck final m'a certes surpris mais paraît plus logique. On peut retourner le film dans tous les sens, jamais on n'aura une réponse définitive et 2 chemins se dressent, soit on adhère et on trouve le film génial, soit on adhère pas et on trouve le film est inutilement prétentieux. Et c'est la marque d'un grand film. Car par delà son moment mindfuck, les bizarreries, la boite bleue, les nains, les personnages miroirs, les réalités parallèles, l'histoire est quand même cohérente de bout en bout. Si ce n'est qu'un développement de certains personnages auraient été un plus. Cela dit, le film reste quand même très intéressant et tripant.
Bizarrerie à Hollywood
L'ayant découvert en même temps que Lost Highway qui m'a complètement retourné la tête, Mulholland Drive est bien plus accessible malgré le coté étrange. Du coup, comme film qui a lancé la carrière de Naomi Watts et l'un des plus cultes de David Lynch, je le trouve vraiment excellent. Cela dit, je pense acheter le blue-ray dans l'espoir de voir les commentaires du réalisateur sur ce film afin de le clarifier...ou pas.