"Mundane History" : ouvrir l'espace.
Certes, il n'est pas évident de tourner en Thaïlande un premier film dans le sillage d'Apichatpong Weerasethakul, qui semble officier là-bas comme le seul cinéaste à la renommée internationale. Il faut d'autant plus saluer la tentative d'Anocha Suwichakornpong - et commencer à épeler son nom correctement.
Certes, on reconnaitra ici et là une influence patente, concernant notamment le rythme du film : quasi comateux, à l'image de l'immobilisation d'Ake, suite à un accident ; avare de paroles et d'explications. Le psychologisme n'a pas cours ici - et c'est déjà en cela qu'on est face à une oeuvre qui dépasse l'ordinaire de la fiction, quand il s'agit de mettre des personnages en relation.
Troué au niveau du sens, donc, "Mundane history", distille cependant sa petite dose d'images hypnotiques, prend son envol en quittant cette terre où résonnent les chants des oiseaux, où les corps semblent par trop ancrés dans un immédiat sans fond, sans perspectives.
C'est pécisément en ne s'appuyant pas d'emblée sur une quelconque progression (cohésion) narrative que le film s'offre une liberté esthétique, en ouvrant son champ visuel vers un trip cosmique - mais pas mystique - pour de nouveau attérir avec un final impressionnant.