D'un classicisme routinier dans son développement et visant avant tout le jeune public, Mune, Le Gardien de la Lune ne révolutionnera pas l'animation française, c'est un fait. Pourtant, ce petit personnage et ses aventures dégagent quelque chose. Comme un sentiment de simplicité bienvenue, une impression de magie revenant aux sources de l'enfance.
Si le premier personnage s'animant à l'écran pourra déstabiliser dans son design assez simpliste, le film se reprend vite en faisant évoluer ses héros dans de magnifiques décors aux couleurs chaudes, vivant et traversé d'une beauté qui séduit immédiatement, constituant une très belle invitation à l'immersion dans l'univers de Mune, Cire et Sohone. Les corps filiformes des deux derniers cités donnent naissance à une animation gracile et délicate, appuyant sur l'aspect fragile de la petite fille pourtant désireuse de partir à l'aventure pour dépasser l'aube et le crépuscule comme frontière du monde du soleil et du peuple de la lune.
Cette histoire de gardiens des différents astres est irriguée d'une poésie qui achève de séduire le spectateur déjà conquis, alignant les jolies trouvailles graphiques, les plans gracieux et des images que l'on croirait tout droit sorties d'un livre de contes, comme par exemple ces deux colosses, échappés d'une peinture de Dali, promenant le soleil et la lune à travers le monde, préservant ainsi son équilibre et son harmonie.
Mune semble enfin s'ériger en gardien d'une certaine magie en alternant l'animation 3D et l'animation traditionnelle pour figurer le monde des rêves (un hasard ?) que les héros visiteront avant un affrontement final, dernier acte d'une fable mettant l'accent sur la responsabilisation et le mal qui s'insinue dans le coeur, tel un serpent, sans que l'on y prenne garde.
Mune, Le Gardien de la Lune revêt donc les allures simples d'un conte féérique pour s'adresser à son jeune public, sans pour autant l'infantiliser, sans morale trop appuyée, l'invitant à un voyage enchanteur dans un monde merveilleux.
Behind_the_Mask, des étoiles plein les yeux.