Avec les avalanches de Disney, Pixar et Dreamworks, le marché des films d’animation peut sembler bouché. Jamel s’y était essayé avec Pourquoi j’ai pas mangé mon père. Au tour d’Omar Sy dans Mune, le gardien de la Lune.
Qu’il est loin, le temps des planches à dessin et de l’animation des premiers Disney. Aujourd’hui, tout studio doit confronter la magie des contes avec les avancées technologiques, des techniques de motion capture poussées et l’éternelle problématique de la 3D.
Des contraintes informatiques et marketing qui semblent à mille lieux de l’univers simple et coloré de Mune, le gardien de la Lune. Pourtant, le film relève tous ces défis, le plus légèrement du monde.
DES ASTRES TRÈS LOIN DU DÉSASTRE
C’est que Mune, le gardien de la Lune n’est pas mis entre les mains de n’importe qui. Les studios Onyx, déjà aux manettes des acclamés The Prodigies et Le Petit Prince s’emparent d’une idée simple. La Lune et le Soleil forment deux constellations opposées, l’une froide et bleue, l’autre chaude et orangée, avec leurs peuples et leur cohérence naturelle et artistique respective. Ils sont la propriété de deux gardiens chargés de leur course perpétuelle. Au jour où ceux-ci doivent léguer leur ancestrale tâche à de nouveaux élus, Mune, être jeune et maladroit de la Nuit (Michael Gregorio), se retrouve propulsé gardien contre son gré. Tout l’inverse de Sohone (Omar Sy), gros costaud bien plus motivé par l’action que par la mythologie.
Deux jeunes pousses trop occupés à faire un peu trop n’importe quoi pour voir que le mal guette. Necross, ancien gardien corrompu par la jalousie et l’envie, vole les deux astres pour plonger le monde dans le chaos. Les deux gardiens sont alors bien obligés de s’allier et de parcourir les terres et les eaux pour sauver la Terre, accompagnés de Glim (Izia Higelin), jeune être de cire, aussi fragile que courageuse.
On prend du plaisir à parcourir ce monde en péril, chaud et contrasté, toujours riche en faune et en flore au rythme des pérégrinations d’un trio dont les maladresses fournissent une source presque intarissable de rebondissements. Un grand coup de chapeau aux animateurs d’avoir su faire pousser un univers complet, entier, cohérent dans son contexte et dont l’imagination ne se limite pas aux tribulations de son scénario. Dommage toutefois que Mune, le gardien de la Lune cible tant les tous-petits, sans réelle possibilité de double-lecture.
Qu’importe. Les réalisateurs, Benoît Philippon et Alexandre Heboyan, savent émerveiller avec un conte aux contours simples mais au monde profond, travaillé, sans jamais être ni moralisateur, ni abrutissant. Parfaitement équilibré, Mune, le gardien de la Lune fait des émerveillements élémentaires, ceux des lumières et des ombres, une vraie réussite.
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