Satisfaisant, mais peut mieux faire
La tragédie de Munich, c'était il y a maintenant quarante ans, mais il a quelques petites années de cela, Steven Spielberg s'était attaqué à ce sujet. L'ayant vu en salles, il méritait une nouvelle vision, d'un film qui ne m'avait pas marqué plus que cela. Le cinéaste s'intéresse essentiellement aux représailles du Mossad qui cherche à éliminer les commanditaires de cet acte jugé terroriste.
L'oeuvre dispose d'un casting international plutôt impressionnant et dans l'ensemble parfait, même si un Matthieu Kassovitz ne fait par exemple pas le poids face à un Ciaran Hinds. La musique de John Williams est assez réussie, voilà pour ce qu'il y a un peu "sur le côté" et intéressons-nous au sujet en soi-même. L'oeuvre débute par la prise des otages israéliens lors des jeux de Munich et l'intro s'achève par une explosion au loin. A ce moment, le film mêle de temps en temps fiction et images d'archives lors des JT.
La prise d'otage sera disséminée un peu partout dans l'oeuvre, avançant en même temps que le héros principal continue sa quête de meurtre des commanditaires. Une façon de rappeler au personnage les raisons pour lesquelles il agit. De manière générale, cela renforce l'idée que la vengeance semblait nécessaire.
Toutefois, Spielberg n'offre pas un film purement manichéen, avec de méchants arabes d'un côté et gentils Israéliens de l'autre. Non, de temps en temps, se pose l'interrogation de voir si eux aussi, les Palestiniens, ne méritent pas cette terre, de pouvoir la partager. Avner est également en proie à certains doutes sur sa mission. D'où le rappel constant effectué. Bref, même si ça ne se ressent pas de manière éclatante, on tente une forme d'équité. Les hommes que Avner et son équipe assassinent ont aussi des enfants, une famille, etc. et oeuvre pour leur pays en quelque sorte. Et c'est là-dedans qu'Avner va puiser ses doutes.
L'oeuvre est également construite sous une forme de thriller qui ne fonctionne pas trop mal. En gros, on suit les préparations d'assassinat et leur réalisation. Le défaut, c'est que cela possède un petit aspect répétitif qui est heureusement un peu sauvé par le fait que si nos cinq hommes poursuivent des gens, ils vont bientôt être dans la peau de la souris chassée par le chat. Avner va sombrer alors dans une forme de paranoïa.
Le plus grand défaut du film demeure pour moi son aspect trop hollywoodien. Car si on évoque la psychologie du personnage d'Avner, on y reste que généralement trop en surface. Les ennemis sont trop rapidement montrés aussi, difficiles de ne pas toujours y voir que de simples hommes à montrer. Un tel sujet, Palestine - Israël, aussi casse-gueule soit-il mériterait un tout autre traitement, parfois plus psychologique et allant au-delà du "c'est ma terre, c'est normal que je la défende de la sorte".
Parfois Spielberg fait aussi preuve de maladresse et la séquence de la relation sexuelle entre Avner et sa femme coupée par les images du détournement où les athlètes sont éliminés par les Palestiniens frise tout simplement le ridicule. Au final, une oeuvre qui ne manque pas de rythme (honnêtement, jamais ressenti que cela durait plus de deux heures trente), évitant le manichéisme ridicule, mais dont le traitement trop hollywoodien joue un peu trop en sa défaveur.