On sait que les murs ont des oreilles, mais Varda préfère utiliser leur façon de s’exprimer. Le titre l’annonce de façon ludique dans un joli jeu de mots : Il sera question de mur, de murs et de murmure. Ou plutôt du murmure des Murals, puisque c’est ainsi qu’on appelle ces peintures murales de la ville de Los Angeles. Ce murmure c’est évidemment celui des opprimés, qui se murmure d’ailleurs moins qu’il se crie, se scande. Il raconte, c’est sa priorité, rien n’est jamais gratuit sur ces murals. Qu’on revendique son amour pour une femme ou qu’on crache sur la violence de la guerre, ces fresques sont le témoin, parfois éphémère – En cela on rejoint aussi le travail de JR, qui sera aux côtés de Varda pour Visages Villages – du monde. Comme à son habitude, Varda commente beaucoup, parfois tout à fait inutilement, mais toujours avec poésie, malice et suffisamment de délicatesse pour ne pas se tirer la couverture. Et si la plupart des scènes sont des plans de ces murals, Varda n’oublie pas de donner directement la parole aux artistes, aux habitants des quartiers. Donc comme toujours chez elle, ça fourmille, c’est épatant et passionnant.