Des visiteurs pressés, des touristes dociles, des guides fatigués du Beau, un directeur hostile à la nature: ils sont de la foule des personnages (et des comédiens vedettes) qui circulent dans les galeries du musée de Jean-Michel Ribes. Celui-ci adapte sa pièce de théatre éponyme en la déconstruisant et en la condensant. Les sketches scindés, la récurrence des personnages et le montage donnent de la vivacité et du rythme à la mise en scène autant que le sentiment de l'effervescence dans ce musée improbable et coloré aux collections modernes et classiques, temporaires ou permanentes, cocasses et délirantes.
Le spectateur non averti sera sans doute désorienté, déstabilisé, par l'humour particulier de Ribes et par ce tourbillon de mots et de personnages. Tour à tour satiriques et absurdes, les textes tournent l'Art, ses acteurs et son public, ses commentateurs, en dérision mais pas en ridicule. De l'attitude des visiteurs à la créativité extravagante des artistes, en passant par le personnel qui s'affaire, Ribes propose des points de vue décalés et farfelus, variés et inattendus, d'où il ressort en général que l'art classique impressionne et que l'art contemporain interpelle...Car, sous la farce -et c'est aussi un mérite de la comédie- il y a un propos éclairé sur l'Art et les manières de s'y confronter.