Juste avant de faire ce biopic sur le compositeur russe Tchaikovsky, Ken Russell avait fait celui de Richard Strauss dans un téléfilm nommé "Dance of the seven veils", où le compositeur était dépeint comme un nazi. Les ayants droits ayant portés plainte, le film a été interdit jusqu'en 2019. On comprend donc que lorsque ce cinéaste fait un biopic, il ne faut pas s'attendre à le voir caresser dans le sens du poil son sujet. Nous sommes en 1970 et les contre cultures viennent de faire leurs révolutions à travers le monde. Et Russell va s'intéresser bien plus à l'homosexualité du compositeur qu'à sa musique. Un sujet encore tabou ou du moins déguisé à l'époque au cinéma. On reconnait bien là le caractère de flibustier du metteur en scène cultivant le goût de la provocation. Aujourd'hui pourtant le film ne choquera plus personne, l'homosexualité au cinéma étant presque devenu un genre à part entière avec ses festivals entièrement consacrés chaque année. Le film de Russell n'en a pas moins perdu de sa valeur et se perçoit désormais comme un biopic tragique. Mais ce sont surtout les visions oniriques fantasmés du réalisateur qui en font encore sa valeur. Les pensées de ses personnages, il les filme tel des rêves ou des cauchemars dans une mise en scène d'opéra.
Tchaikovsky ne sera que le début d'une série de biopics d'artistes de la part du cinéaste, qui croquera aussi Mahler, Franz Liszt ou Rudolph Valentino.