Ode à la liberté féminine, Mustang permet l'immersion dans une Turquie au double visage ; d'un côté Istanbul et sa modernité, de l'autre, les villages et le conservatisme. Est-il possible de réduire le film à cette simple dichotomie ? Je ne le crois pas, même si elle mérite d'être soulignée. La sensation d'enfermement qui s'accroît tout au long du film est entretenue avec brio par des plans soignés ainsi que par la beauté des paysages déserts de la côte turque. Le film a un charme fou, porté en premier lieu par ses cinq actrices principales. Les "Mustang", ces cinq juments sauvages, courent désespérément après leur liberté. Enfermées dans la maison familiale car accusées d'avoir bafouées leur honneur (et un peu aussi celui de leur famille) l'emprisonnement revêt différentes formes, dont les conséquences sont toutes aussi diverses. Deniz Gamze Ergüven met en lumière la violence que représente entr'autre la déscolarisation des jeunes filles et le passage à une vie de future femme mariée, le refus de cette vie qui ne leur correspond pas, la difficulté à faire accepter leurs propres désirs et surtout, leur lutte pour atteindre, chacune à leur manière, une once de liberté.