Excellent premier film de la jeune réalisatrice turque Deniz Gamze Ergüven. Ça pourrait être un Virgin Suicides à la turque (beaucoup de choses y font penser, dont le point de départ : 5 sœurs, 5 jeunes filles, entre 12 et 18 ans peut-être, toutes plus belles les unes que les autres (casting hallucinant de beauté, ce qui donne encore plus de force au propos du film), cloîtrées chez elles par leur oncle et leur grand-mère (elles sont orphelines) pour un pseudo "écart de conduite" ; atmosphère languissante et parfois éthérée ; mal-être adolescent ; point de vue féminin ; carcan traditionnel et religieux dénoncé – petit village reculé dans la Turquie musulmane actuelle en lieu et place de la banlieue américaine WASP et chrétienne des années 70) mais c'est en fait bien plus que ça, tant le propos de la réalisatrice est révolté. Là où on l'on assistait à la résignation des jeunes américaines, Mustang oppose la réaction, la vitalité, la révolte de ses jeunes protagonistes (au moins trois d'entre elles, et surtout la plus jeune, celle qui voit tout, qui sent tout, qui comprend tout très vite, qui refuse l'avenir promis, refuse d'abdiquer, de baisser les armes, de s'en remettre à la fatalité, superbe héroïne du film). Du propos à la mise en scène, de l'image à l'interprétation, tout est parfait. Une réussite.