C'est un histoire de prison. Celle dans laquelle se retrouvent enfermées 5 soeurs, magnifiques, sauvages, à l'énergie animale que l'on tente de contenir dans la forteresse de leur maison familiale. On érige des murs, on construit des grilles pour les enfermer et on fait venir des femmes pour leur prison mentale, des femmes qui ont renoncé à la liberté et qui sont là pour leur apprendre à fabriquer des baklavas et à manger leur poing.
Et c'est ce qui est poignant dans ce film : le contraste entre la fougue de ces jeunes filles, la force et l'énergie qui émanent d'elles, la beauté des paysages, de la lumière et ces murs qui se referment sur elles.
On reste dans une tension constante car elles ne cèdent pas. Chacune à sa manière combat cette dictature, cette tentative de soumission, chacune s'échappe à sa façon.
La beauté de la photographie, le motif de la disparition, du resserrement (les murs se dressent, les soeurs disparaissent) centrent la narration sur la plus jeune fille, enfant insoumise pour laquelle on tremble. Comme dans un film de prison, on trépigne en souhaitant l'évasion et on frémit en pressentant une fin dramatique, une échappatoire mortelle.
Un très joli film sur la condition féminine, et qui fait écho, (on l'entend d'ailleurs dans le film, à la télévision) aux sorties sexistes du premier ministre turc sur ces femmes qui devraient s'abstenir de rire en public, pour rester décentes.