Tout d'abord, n'ayant jamais lu la bande-dessinée (et n'ayant découvert son existence qu'à l'occasion de ce visionnage), je ne pourrai faire aucune comparaison avec le support d'origine.

Ce qui m'a d'abord attiré vers Mutafukaz est son univers graphique, proche de Lascars (dont j'avais beaucoup aimé la série et le film). Globalement, le film est très bien animé et la musique excellente (je retiens notamment l'incroyable course-poursuite en camionnette de marchand de glace et sa savoureuse synchronisation son-image, scène d'autant plus jouissive qu'elle est longue). Pour les scènes d'action, le film a un parti-pris particulier puisqu'au lieu de fragmenter les plans et de sur-découper les mouvements - comme c'est souvent le cas -, tout se déroule en quasi-plans séquences très posés, créant un curieux décalage avec la violence de l'action. Ce choix, bien que déroutant au premier abord, est très intéressant car il pose une réelle ambiance et permet de véritables interactions entre les personnages au cœur de l'action.

Malgré les nombreuses qualités susmentionnées, le film est plombé par deux défauts majeurs. Tout d'abord, le rythme très inégal, entre, d'une part, un début qui prend le temps de nous familiariser avec les protagonistes et la ville (Dark Meat City) et, d'autre part, une fin totalement bâclée - comme si les scénaristes s'étaient rappelés qu'il fallait terminer l'histoire. Et de fait, si on suit les péripéties de nos héros sans s'ennuyer, il faut bien reconnaître qu'on ne sait pas trop vers quoi tend le récit jusqu'au moment des grandes révélations, à la suite desquelles le récit est bouclé en dix minutes. Cet aspect est d'autant plus regrettable qu'initialement, le film prenait soin d'introduire proprement chaque élément. Il faut également noter que la fin s'éloigne très fortement des thématiques et des ambiances posées initialement, ce qui ajoute encore à la confusion. Le film n'étant pas spécialement long, quelques scènes supplémentaires auraient permis d'apporter plus d'équilibre.

Le second gros défaut... c'est Orelsan. Pas lui en tant que personne, mais en tant qu'acteur doublant le personnage principal. Je n'ai rien contre le fait d'inviter des chanteurs connus dans un film, surtout lorsque le choix est cohérent (comme c'est le cas ici, vu le style musical d'Orelsan), mais l'essentiel est qu'ils soient bons acteurs. Or, Orelsan est monocorde. Sa voix ne varie jamais en intensité ou en débit, c'est une catastrophe... Plus que l'intrigue boiteuse, c'est définitivement cette voix qui m'a fait décrocher du film à plusieurs moments. Et pourtant, le casting était loin d'être mauvais, avec quelques voix reconnaissables (notamment celles de Jafar, Moe ou quelques voix de South Park).

Mutafukaz est donc un film très sympathique à voir, mais qui laisse un léger goût d'inachevé au regard de ses immenses qualités.

PS : sinon, le film fait un excellent jeu à boire avec 10 références de culture pop par seconde. Bien, pas bien... à vous de voir.

Ezechielle
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le 6 mai 2022

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Ezechielle

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