Alors que ce bon vieux Roger Corman vient de passer l’arme à gauche, il était temps de se rappeler qu’en plus d’avoir réalisé un nombre incroyable de petits bijoux, il a aussi produit quantité de petites et délicieuses bisseries, dont ce Mutant de 1982.
Dans un futur lointain, dans un espace tout aussi lointain, Mike Colby est un enquêteur de l’espace. Alors qu’il devait rentrer chez lui, le voila sommé d’aller jeter un œil aux activités d’un labo isolé de haute sécurité travaillant sur les manipulations génétiques. Il semblerait que la dernière création des chercheurs soit capricieuse et vorace.
Toute la panoplie de la SF horrifique est de sortie. Ainsi, nous croisons des androïdes, une bataille spatiale, un monstre sanguinaire, des pistolets futuristes. Comme nous sommes dans les années 1980, il y aura aussi du gore charnel et mécanique, des femmes nues et une musique au synthé délicieusement vintage. Si le tout début du film semble un peu étrange, c’est parce que cette course-poursuite spatiale est en fait tirée d’une autre production Corman et ne devait être qu’un essai pour Holzman. Dans les faits, ce n’est pas le meilleur moment du film. L’intrigue de cet ersatz d’Alien et de The Thing se suit bien et sa simplicité permet de se concentrer sur toutes les touches kitsch du film. Les personnages sont des clichés sur pattes et on applaudit cette introduction du héros dans le labo, accueilli par une doctoresse qui a l’air de recevoir le livreur Uber qui lui apporte la pizza qu’elle a commandée. Sans surprise, on a le beauf bourrin, le froussard, le responsable cachottier, la petite jeune qui a l’air de vouloir manger la même pizza que la doctoresse et la vilaine bébête protéiforme. On notera qu’en général, les personnages prennent les plus mauvaises décisions possibles. Je reconnais que tout ça ne semble pas appétissant … et pourtant ! Ce flash-back est tout à fait savoureux ! La musique est en réalité topissime et elle fait aujourd’hui l’objet d’un culte. Le suspens fonctionne de même qu’un certain humour, parfois involontaire. On saluera les décors et les effets spéciaux très réussis, surtout compte tenu des menus moyens alloués par la production.
En bref, une petite bisserie d’exploitation très réussie qu’on regarde avec grand plaisir, un témoignage simple d’une époque sans complexe à la débrouillardise assumée.
>>> La scène qu’on retiendra ? La scène d’amour, son saxo de l’espace, son éclairage rouge fiévreux, son voyeurisme, quelque part entre de Palma et Mann.