Grâce au Festival du Film sud-coréen de Strasbourg au Cinéma L'Odyssée, voici une très belle découverte qui m'a permis de me lancer réellement dans le cinéma de ce pays (après avoir vu les très bons A Cappella & Hill Of Freedom).
My dear Enemy intrigue dès ses premiers instants. Le plan-séquence introductif ne fait qu'observer les différentes personnes commençant leur journée de travail, la caméra passant d'un groupe à l'autre, pour enfin se concentrer sur notre héroïne, comme si son histoire méritait d'être racontée plus que les autres. En effet! Cette jeune femme au visage dur et au regard glacé (magnifiquement mis en scène par Lee Yoon-ki) aura affaire à son Ex, personnage tout sauf semblable à cette dernière. D'une jovialité sans limites, cet homme dénué de tout stress malgré les épreuves qu'il a connues tout au long de sa vie permet au film d'acquérir une dimension unique, centré sur la relation entre ces deux personnages.
Le réalisateur suit les regards de chacun, les petits gestes traduisant leurs émotions.
D'ailleurs, il n'y a qu'une scène où cet homme perd son attitude positive. Pas quand il parle de son divorce ni de ses problèmes financiers, mais quand il regarde son Ex pleurer devant lui dans le métro alors qu'il lui racontait une histoire. Ce sont ces petits moments qui font de cette oeuvre un grand film.
L'évolution du personnage féminin est également au centre de ce film. Régulièrement gênée par les multiples rencontres qui démontrent le succès du charme de son ancien compagnon, elle n'arrive pas à se relaxer et souhaite en finir au plus vite avec cette histoire d'argent. Cependant, on remarque, grâce à des regards furtifs, que ces retrouvailles ne la laissent pas insensible. Au bout d'une heure et demi, elle sourit puis rit même, ce qui est surprenant, étant donné que le spectateur s'est habitué à son visage impassible. En quelques heures, le comportement de cette femme évolue donc lentement, pour terminer sur un dilemme entre le départ (qui signifie quitter ce personnage original pour toujours) et la seconde chance.
Encore une fois, il est prouvé que le cinéma asiatique brille par sa subtilité : il n'est pas si important de savoir ce qui s'est (mal) passé entre eux qui fait qu'ils ne sont plus ensemble, et il importe peu de savoir qu'à la fin, elle décide de s'en aller sans regarder en arrière (malgré une grosse hésitation). Ce qui nous intéresse est cette journée si longue mais qui passe si rapidement. Et quelle journée!