Wally et André, tous deux dramaturges, profitent du retour de voyage de l'un pour aller diner un soir ensemble à New-York.
"My dinner with Andre" ne fait pas de détours et invite de suite à une réflexion approfondie sur le monde, nos vies et les interactions que tout un chacun en tant qu'individu est susceptible d'expérimenter durant sa propre existence.
Les acteurs André Gregory et Wallace Shawn, en plus d'offrir une performance top du top (l'un est charismatique et éloquent tandis que l'autre est un mélancolique sceptique), jouent ici leur propres rôles, superbe occasion pour écrire une partie de leur texte eux même avec comme base leur propre réalité et vie personnelle.
Ce qui pourrait sembler plat et monotone, se révèle être un dialogue fascinant sur la portée mécanique de notre quotidien, ce qui nous enfermes, nous rends heureux voir même ce qui nous rend schizophrène quant à l'esclavagisme lié à nos propres désires qui nous ramolli le bulbe.
Narrateur et personnage central du film, Wally se fera honteusement voler la parole dès l'ouverture du diner. Les échanges sont lourdement déséquilibrés de manière à appuyer la personnalité et la situation de nos deux clients (Wally est sans le sous et André réussi tout).
Et c'est la tout le contraste du film, les deux hommes partagent un repas sans pour autant partager les mêmes idées. André prendra 20 bonnes minutes à détailler les expériences les plus riches qu'il ait pu vivre avant que son interlocuteur en vienne à le faire parler de ce qu'il a vécu comme un échec. Le film continuera sur cette lancée enchainant les réflexions plus intéressantes les unes que les autres. Au fur et à mesure, André se révèle être un profond misanthrope empli de doutes sur la légitimité de son rang social et Wally réalise la justesse de son bonheur dans les petites choses alors pourtant mélancolique du vie de nanti passée.
La mise en scène se veut minimaliste pour le diner mais la photo sublime en quelques plans, en début et fin de film, la saleté de ce New-York fin 70's vu au travers du quotidien de Wally.
Il est possible pour chacun de trouver, en ce film, un écho sur sa propre existence et sur ce monde qui n'a de cesse d'évoluer sans véritablement changer.
Sur ce, je vous laisse sur une note mélancolique et rêveuse comme Erik Satie à su en faire couler.